Des entrepreneurs de la wilaya de Tizi Ouzou, exerçant à Tipasa et ayant participé à des projets publics dans cette région, ne savent plus à quelle autorité se vouer pour recouvrer leurs créances. Ce sont des chefs d'entreprise à bout de nerfs qui ont pris attache avec la rédaction de notre bureau pour, disent-ils, attirer l'attention des pouvoirs publics sur la santé financière de leurs unités de BTPH résultante de ce manque à gagner qui fragilise davantage la corporation. Les problèmes rencontrés dans l'exercice de leur métier de bâtisseurs vont des blocages multiformes dans l'administration aux retards de paiement, dont certaines situations remontent à 2009. «Si l'entreprise n'est pas payée à temps, comment allons-nous assurer les salaires des ouvriers, régler nos fournisseurs en matériaux de construction ? Nous devons aussi nous acquitter de nos impôts dans les délais faute de quoi des pénalités s'abattront sur nous sans préavis», dit un responsable d'une entreprise de travaux de bâtiments originaire de Tizi Ouzou. Un autre entrepreneur témoigne : «Quand on va aux Impôts pour négocier un éventuel échéancier de paiement, le préposé au guichet nous rétorque : ‘‘On a rien à voir, tu as un chiffre d'affaires, il faut payer ! Mais où veut-on qu'on aille chercher cet argent si notre dû n'est pas versé ? Le maçon et l'ouvrier, s'ils ne sont pas rémunérés à temps, ils feront grève. Les prix des matériaux de construction sur le marché ont flambé ces derniers temps. Le ciment a grimpé de 800 à 1600 DA le quintal, alors que le quintal du rond à béton est vendu à 5500 DA.» Selon nos interlocuteurs, l'entreprise est asphyxiée par cet état des lieux dans une conjoncture marquée par une crise économique pesante. «Nous ne pouvons pas faire face aux dépenses notamment pour la réalisation de programmes de logement social à raison de 34 000 DA /m2 (ttc).» Aussi, ajoutent-ils, sans les avenants, bloqués, ils ne peuvent pas facturer. «C'est une situation désespérante. Nous nous acheminons inéluctablement vers la fermeture d'autres entreprises de bâtiment.» Pour eux, il y a intention de bloquer, sinon comment expliquer que des contraintes soulevées en 2009, pouvant être solutionnées en une semaine, ne sont pas encore prises en considération à ce jour, s'interroge-t-on. «Réellement, ce ne sont pas des problèmes. Il s'agit d'un blocage pur et simple», lance un entrepreneur, dépité. Il poursuit : «L'entreprise a toujours été mal vue. Elle n'a jamais été considérée comme un partenaire économique. Nous avons demandé audience au directeur de l'OPGI de Tipasa pour lui soumettre nos problèmes. Nos incessantes requêtes n'ont pas abouti à ce jour.» Aigris par la longue attente, les concernés sollicitent l'intervention des pouvoirs publics. «Nous ne demandons que notre dû. Ces retards influent sur la livraison des projets dans les temps impartis. Nous souffrons énormément. Comment voulez-vous travailler sereinement quand vous passez votre temps à faire le pied de grue devant les bureaux de l'administration où l'on nous demande de revenir plus tard, quand il ne s'agit pas d'un document manquant au dossier !»