Selon les chiffres de l'Office national des statistiques, la croissance du secteur du bâtiment et des travaux publics a diminué de près d'un quart entre l'année 2014 et l'année 2015, passant de 6,8% à 5,3%. Si pour l'essentiel de l'année de 2014, l'Algérie n'avait pas encore été sévèrement touchée, on ne peut pas en dire autant de l'année 2015. Entre le quatrième semestre 2014 et celui de 2015, la croissance du secteur du BTP a chuté de plus de 50%, passant de 12,3% à 5,2%. La baisse de l'activité est considérable. Elle aurait atteint 50% depuis le début de la crise, selon Habib Yousfi, président de l'Association générale des entrepreneurs algériens (AGEA). D'autres opérateurs économiques évoquent des chiffres moins alarmants. Ryad Tanka, président de l'Union nationale des jeunes investisseurs, propriétaire d'une entreprise dans le secteur du BTP, parle d'une baisse d'activité de 25 à 30% depuis 2014 jusqu'au début de l'année 2016 du fait de la décision du gouvernement de ralentir les dépenses. «Il n'y a pas eu de lancement de nouveaux projets. Le gouvernement a clairement dit que les projets non encore entamés ne devaient pas l'être», fait-il remarquer. «Au niveau des collectivités locales, la plupart des communes n'ont pas lancé de nouveaux projets. Résultats : de grandes entreprises vont chercher de petits projets, alors que les petites se retrouvent sur le carreau à attendre une mort lente.» Un ralentissement qui touche aussi l'emploi. Selon Habib Youcefi «beaucoup de travailleurs du secteur ont été mis à l'arrêt avec 40 à 50% des entreprises du secteur en situation très difficile». Les statistiques de l'ONS donnent une petite idée sur la difficulté de la situation, puisqu'entre septembre 2014 et celui de 2015, la population occupée du secteur a diminué de 50 000 personnes. Selon Ryad Tanka, certaines entreprises «ont réduit de 50% leur personnel.» Car le problème ne concerne pas uniquement l'absence de nouveaux projets, mais plutôt la régularisation des situations financières pour les projets déjà réalisés. «Pour beaucoup de projets OPGI réalisés dans différentes wilayas, les entreprises n'ont pas touché leur paiement depuis huit mois. Face à cette situation intenable, elles libèrent des employés», explique Ryad Tanka. «Ce sont des milliards que les entreprises attendent de récupérer depuis des mois», assène de son côté Habib Yousfi. Pour Boualem M'Rakech, président de la Confédération algérienne du patronat (CAP), le problème ne réside pas uniquement dans la fermeture des entreprises mais dans tout l'environnement qui l'entoure. «C'est le fonctionnement de l'administration, c'est la bureaucratie, c'est le fait que vous n'êtes pas assurés d'être payés, c'est la disponibilité des matériaux de construction, c'est le système financier et bancaire, etc. », souligne le chef d'entreprise. Face à la situation actuelle et les sombres perspectives, certains chefs d'entreprise tentent de trouver des alternatives. Habib Yousfi envisage, selon ses dires, de «s'orienter vers l'Afrique où les entreprises pourraient travailler. Des contacts sont en cours pour décrocher des marchés au Ghana et en Côte d'Ivoire». Pour d'autres comme le président de l'UNJI, on s'attend au pire. «2017 sera catastrophique», prédit-il. .