Plusieurs entreprises gravitant autour de la cérémonie du mariage voient le jour, faisant grimper la facture. La tentation de céder au clinquant et au «m'as-tu-vu» n'aura jamais été aussi grande. Quand on aime, on ne compte pas. «Pour mon mariage, j'avais misé sur un budget de 120 millions de centimes. Force est de constater qu'à quelques mois du jour J, j'ai déjà dépensé le double», confie Saïda, employée de banque qui devrait convoler en justes noces en septembre. Celle qui d'ordinaire est tatillonne sur les dépenses, a été, elle aussi, happée par l'éclat des paillettes. «Cela grimpe très vite, il y a une multitude de petits détails auxquels on ne fait pas attention au début…». De nombreuses sociétés et prestataires gravitant autour du marché du mariage voient le jour, proposant une panoplie d'offres aux jeunes mariés, allant des plus classiques aux plus inattendues. Robes, faire-part, boîtes et gâteaux, limousines et carrosses, décorations de table et vaisselle, mise en scène, disk-jokey et cameraman, traiteur et zorna, «amaria» marocaine et habilleuses… les idées ne manquent pas. Ce qui frappe au premier abord, c'est qu'en matière de mariage, il n'y a pas de plafond. Profession : organisateur de mariage Les tarifs peuvent rapidement atteindre des cimes invraisemblables. Ce serait, à en croire des initiés, l'un des rares secteurs qui ne connaît pas la crise. «On ne lésine pas sur les moyens quand il s'agit des noces», glisse Rédha, gérant de «Dar El Soltane», une société de «wedding planner», un concept venant tout droit des Etats-Unis. L'idée consiste à faire appel à un professionnel pour organiser la cérémonie dans ses moindres détails. «J'ai commencé en tant que technicien du son, relate-t-il, mais à chaque mariage je me voyais demander si je connaissais un cameraman, un traiteur ou un photographe. J'ai alors décidé d'englober toutes ces prestations sous un seul toit.» «L'organisation du mariage a beaucoup évolué ces dernières années, concède notre interlocuteur. Très souvent, l'Algérien préfère avoir affaire à une seule personne plutôt qu'à une myriade de prestataires.» A ses yeux, le coût du mariage varie de 50 000 Da à… l'infini. «Il n'y a pas de limite», sourit-il. «Le client est très exigeant, il est prêt à y mettre le prix. Nous mettons à sa disposition un carnet d'adresses bien fourni et des réseaux bien huilés.» Le mariage le plus cher qu'il a eu à organiser dépasse les 7 millions de dinars, englobant salle des fêtes, artistes, gâteaux, tenues de la mariée et dîner. Bling-bling Dans la course au «bling-bling», il y a encore plus audacieux. Creative world, une agence d'organisation et de planification de mariages a eu à se charger de la cérémonie d'un important industriel algérien pour la modique somme de… 2,5 milliards de centimes. A ce prix, tout est démesuré, géant. «Il y avait deux chapiteaux, des artistes renommés, des jeux de lumière et une piscine», précise H'ssissen Tarek, l'un des gérants de la société. Mais le sémillant représentant de l'agence tient à souligner qu'il existe des formules – et des solutions – pour toutes les bourses. «Le client nous donne une idée de son budget son budget à partir duquel nous exposons ce que nous pouvons en faire. Nous ne voulons pas mettre nos clients dans la gêne. On veut attirer tous les types de clientèle», affirme-t-il. Et de soutenir : «Il est vrai que les gens, même quand ils n'ont pas les moyens, mettent le paquet pour le mariage.» Pour parer à toute mauvaise surprise, le «wedding planner» prend les devants : il loue des salles des fêtes avant tout le monde et développe déjà son entreprise dans plusieurs villes algériennes : Béjaïa dont il est originaire, mais aussi Alger et Sétif. A l'en croire, les Algérois seraient plus réticents à confier l'organisation d'une cérémonie de mariage à une agence spécialisée. «C'est dans les villes de l'intérieur – Sétif en l'occurrence – que cela marche le mieux, note-t-il. C'est la ville dans laquelle les clients nous laissent prendre tout en charge. Alger ne fait pas confiance en matière de confection de gâteaux ainsi que le traiteur. Ils préfèrent ramener une dame, symbole de la ''baraka'', mais le côté décoration marche très bien.». Proposant, entre autres services, limousine et carrosse royal, l'agence Bensalem dispose d'un carnet de commande saturé toute l'année. Elle développe chaque année un peu plus ses offres : confection de gâteaux, décoration de scène, caméra et disc-jockey. Hind, qui gère la société avec son époux, se dit arrangeante envers les futurs mariés. «Nous savons à quel point les dépenses peuvent être un fardeau lourd à porter», affirme-t-elle. Pour faire des économies sans renoncer au rêve d'un mariage de conte de fée, certains font une petite folie : «Parfois, nous dit Hind, le client choisit de ne pas organiser son mariage dans une salle des fêtes, préférant faire une fête intime à la maison, mais il tient à ramener sa mariée en limousine, voulant ainsi gâter sa chère et tendre.» D'autres prestataires surfent sur la vague. «Tout dépend des moyens des clients» Sarah, dont la mère a été l'une des premières femmes disc-jockey sur la place d'Alger, a repris l'affaire familiale. «Ma mère a ouvert une société dans les années 90'. Aujourd'hui, nous avons développé les activités. On fait maintenant la caméra-photo, habilleuses et coiffeuses», souligne Sarah, jeune fille dynamique au rire communicatif. Elle propose notamment une valise pailletée comprenant un book, un album, un cadre en bois, photos sur différents supports. Mais il y a encore plus audacieux : la boîte «Ic 2 création» propose des lâchers ou des décorations de ballons pour les noces. «Le client nous dit s'il veut un lâcher de ballons pour la somme de 20 000 DA ou plus, et nous le lui préparons. On peut organiser cela pour n'importe quelle somme, tout dépend des moyens du client», explique une représentante de la société. Devant une pléthore d'offres pour les jeunes mariés, la tentation de céder au clinquant et au «m'as-tu-vu» n'aura jamais été aussi grande.