Pour tenter de comprendre le regain de religiosité et surtout contrer nombre de jeunes Français qui se radicalisent, le Sénat français a envoyé une mission d'information en Algérie. Trois sénateurs de trois courants politiques différents ont rencontré samedi dernier le ministre des Affaires religieuses et des Wakfs, Mohamed Aïssa, et d'autres responsables algériens. Venus dans le cadre d'une commission d'information, qui rendra ses conclusions le 5 juillet prochain, ces parlementaires voulaient d'abord «connaître» l'expérience algérienne dans le domaine de la lutte contre la radicalisation. C'est ainsi que les sénateurs ont longuement discuté avec le ministre des Affaires religieuses qui leur a expliqué le plan algérien de lutte contre la radicalisation. Plus que cela, Mohamed Aïssa a détaillé la contribution algérienne en matière de formation des imams. «Notre discussion avec le ministre du Culte est très intéressante. Cela nous a permis de comprendre certaines choses. Il a pris l'engagement d'être rigoureux sur la formation des imams», indique André Reichardt, co-rapporteur de cette mission. Selon lui, l'Algérie a déjà fait un premier pas en inspirant le comité scientifique de la Grande Mosquée de Paris. Une initiative qui va d'ailleurs se faire en Algérie avec la création de la «maison d'el iftaa». Durant les mois de recherches, les sénateurs français ont vu le nombre de jeunes Français radicalisés augmenter. En six mois, le nombre de jeunes «signalés» est passé de 2000 à plus de 10 000, dont 40% de reconvertis. Il s'agit surtout de jeunes Français, catholiques d'origine, qui deviennent du jour au lendemain «musulmans». Souvent, ils partent «faire la guerre» en Syrie. Il existe en France près de 2000 mosquées. Mais ni le nombre de lieux de culte ni celui des imams ne sont connus des autorités. La loi de 1905, qui sépare l'Eglise de l'Etat, interdit en effet aux autorités d'effectuer des statistiques religieuses ou de se mêler de l'organisation du culte.