Dans le registre divertissement, considéré normalement comme le plat royal du programme Ramadhan, tout le monde s'accorde à dire que le petit écran national n'a pas été, cette année, à la hauteur de ses ambitions. Mis à part la caméra cachée qui a réussi à offrir, par son originalité, de bons moments de distraction, les autres productions sont restées dans les limites de l'approximatif, laissant derrière elles un goût d'inachevé, quand ce n'est pas carrément une impression du déjà-vu qui compromet leur crédibilité et bien sûr leur succès. On pense notamment au nouveau sitcom de l'ENTV “BINATNA” qui passe presque quotidiennement en prime-time des soirées Ramadhan et qui est devenu par la force des choses sujet à spéculation. En fait, à défaut de faire rire, BINATNA fait plutôt grincer des dents. Pourtant, ce ne sont pas les comédiens de talent qui lui manquent, ni les moyens financiers… La raison est que cette réalisation signée par Moussa Haddad et Bahloul Ameur a pratiquement tout pris à ses devancières Nass Mlah City (1 et 2) sans pour autant pouvoir les égaler. Si on voit de plus près sa conception, sa structure technique, la manière dont est mené le jeu des comédiens, son habillage musical, on se rend compte que la ressemblance est trop flagrante pour paraître innocente. Du casting au générique, en passant par la partition musicale, en gros donc le concept même du sitcom à l'algérienne auquel les auteurs de Nass Mlah City Sid Ahmed Gnaoui et Djaffar Gacem ont donné un souffle et une tonalité particuliers, il y a dans BINATNA une certaine idée du clonage qui a été mal acceptée par les puristes. A commencer par les réalisateurs de Nass Mlah City eux-mêmes qui se sont sûrement sentis dépouillés de l'essentiel de leur création. On ne peut évoquer ici l'idée d'un plagiat qui serait une outrance à la réputation cinématographique d'un Moussa Haddad que personne ne peut soupçonner de malhonnêteté intellectuelle, mais le manque de créativité est tellement évident qu'il finit par faire des dégâts.BINATNA est vraiment un cas d'espèce du manque d'imagination qui caractérise le monde de la production télévisuelle où investir sur le travail des autres a tendance à s'imposer comme une règle.