- Le dernier rapport de l'Opep, publié hier, prévoit un rééquilibrage du marché pétrolier d'ici 2017. Qu'en pensez-vous ? En réalité, ce rapport confirme les informations venant d'autres sources qui relèvent plusieurs points importants. Le premier est relatif à cette tendance à la hausse que prend depuis quelque temps la consommation pétrolière mondiale. C'est d'ailleurs le premier élément qui contribuera au rééquilibrage du marcher pétrolier. La deuxième tendance mise en exergue par le rapport de l'Opep concerne la baisse de l'offre pétrolière non Opep, soit moins de 900 000 barils/jour en 2016 et moins 100 000 barils/jour en 2017, soit moins d'un million de barils/jour sur les deux années. Le troisième élément-clé concerne la baisse des stocks pétroliers commerciaux des pays de l'OCDE et, enfin, un quatrième élément parle d'augmentation de la demande de pétrole adressée à l'Opep, estimée à 3 millions de barils/jour sur les deux années 2016 et 2017. Avec tous ces éléments, on peut tabler effectivement sur un équilibre — et non pas seulement un rééquilibrage — entre l'offre et la demande durant l'année 2017. - On devrait donc s'attendre à une hausse significative des prix... Il y a effectivement un lien logique entre la question du rééquilibrage et celle des prix du pétrole, en ce sens que lorsque l'on regarde les fondamentaux du marché, on constate que les prix ont chuté en 2014 parce qu'il y avait un excédent de l'offre par rapport à la demande. Donc si cette hypothèse, qui me semble assez fondée, d'un équilibre du marché entre l'offre et la demande, il est tout à fait logique d'en déduire que les prix devraient augmenter. Ils ne vont pas monter en flèche, mais ils pourraient quitter le seuil des 50 dollars et aller vers les 60 dollars le baril dans les prochains mois. Mais comme toujours, entre les fondamentaux et la réalité, il y a aussi les autres facteurs en rapport avec la politique, la géopolitique, la spéculation, la situation économique, les conséquences du Brexit et autres. Il y a un ensemble d'éléments qui font que les prix du pétrole ne sont pas fixés, à la hausse comme à la baisse, uniquement par l'offre et la demande. Cependant, si l'on s'en tient aux fondamentaux du marché, il est logique de penser que les prix devraient progressivement s'élever, pas de façon spectaculaire, jusqu'à atteindre les 60 dollars le baril dans les mois qui viennent, soit fin 2016, début 2017. - Quelles seraient les conséquences d'un retour à un marché pétrolier équilibré sur les économies des pays producteurs de pétrole, dont l'Algérie ? Ce serait un plus important. Certes, si l'on retient l'hypothèse d'un retour à un baril à 60 dollars, on sera loin des 100 et 110 dollars enregistrés entre 2011 et 2014... mais c'est tout de même plus d'un dédoublement des prix qui, faut-il rappeler, sont descendus jusqu'à moins de 30 dollars par baril. Une augmentation de 100% est quelque chose de considérable en termes de recettes d'exportation, fiscales et budgétaires, même si cela reste assez bas par rapport au niveau historiquement élevé durant les dernières années. Les pays producteurs de pétrole, comme l'Algérie, ne s'attendent pas à une hausse très importante des prix dans les mois qui viennent, mais chaque dollar supplémentaire est pour eux bon à prendre. Si les prix se consolident à court terme autour des 50 dollars et prennent une ascension vers les 60 dollars le baril début 2017, ces pays pourront vivre moins bien que par le passé, mais correctement grâce à un prix stable.