Par Mohamed-Seddik Lamara* Revenir sur les Hauts-Plateaux sétifiens et assister au miracle d'«ibril», un miracle qui confirme l'adage : «Une goutte au mois d'avril en vaut mille», ou cet autre propre aux chaouia : «La pluie d'avril fait lever l'épi du fond du puits», est, certes, un enchantement. En ce début du mois de mai encore frais, Hammam Skhouna nous accueille avec son immuable cérémonial : sa longue avenue large et propre, son urbanisme commercial avenant et les aguichantes volutes de fumée s'échappant des barbecues où grésillent du matin au soir brochettes, entrecôtes, côtelettes et tranches de veau, dont le fumet se plaît à piéger les narines des routiers dont rares sont ceux qui résisteront à une halte pour goûter à cette bonne chair du terroir bio et parfumée. Il nous fallait, mon épouse et moi, retourner – pour une bienfaisante cure - à l'hospitalier complexe thermal de la Mutuelle générale de l'habitat et de la construction (MGHU). En effet, cet établissement où nous avions séjourné une semaine en 2015, à la même période, nous avait littéralement conquis, ensorcelés, ravis, eu égard à l'accueil irréprochable, tant de ses responsables que de son personnel arc-boutés du matin au soir sur la multitude de tâches inhérentes au confort des curistes. Véritable œuvre de civilisation et de progrès, dont la notoriété a dépassé les limites du Sétifois et des Hauts-Plateaux du centre, cet établissement ne désemplit pas de toute l'année. La demande en son sein est, de jour en jour, plus importante, eu égard à la qualité de ses services, en particulier de l'espace thermal, de la température de l'eau à la meilleure gradation (42° Celsius), de son impeccable service de rééducation fonctionnelle et de remise en forme doté d'équipements de la dernière technologie, sans oublier l'atmosphère douillette et apaisante offerte par les 18 bungalows et la détente procurée par un environnement bucolique. POSITION FOCALE ET PERFORMANCES PROMETTEUSES Pareilles performances ne sont pas le fruit du hasard. Elles sont plutôt l'heureuse résultante de l'esprit d'abnégation instauré par le PDG de la MGHU, Lahcene Bakkouche, que j'ai eu le plaisir de rencontrer sur place à l'occasion de l'une de ses fréquentes visites d'inspection au complexe. Dernier Mohican de cette belle race de bâtisseurs enfantée par mon défunt ami, le moudjahid, mécène et infatigable semeur de nobles défis, qu'était Abdelmadjid Aouchiche, M. Bakkouche, pionnier déjà bien âgé, ne cesse, en effet, de se consacrer, corps et âme et, souvent au détriment de sa santé et du bien-être de sa famille, à des challenges constamment renouvelés. Si par ces mots j'ai tenu à rendre hommage à cette personne dévouée à sa mission, je ne saurais oublier de «décerner» les meilleurs satisfecits à l'ensemble de l'encadrement du complexe. A son directeur, Brahim Chaïb Cherif, qui se lève aux aurores pour s'y rendre quotidiennement d'El Eulma (30 km au nord-ouest de Hammam Skhouna), bien avant le personnel qui habite à proximité, afin de relancer la «chaudière» et de relever -pour les corriger avant le réveil des curistes- toutes les étourderies engendrées par le fonctionnement effrénée de la «ruche» thermale, à ses deux charmants et dévoués assistants, Kada, le fils émérite de Mostaganem, et Salah, l'enfant de Tella (bourgade de la région noyée dans la verdure), intraitable sur l'ordre et la discipline, à Amir et Yasmine, les deux infatigables kinésithérapeutes sans relâche sollicités, non seulement par les pensionnaires du complexe, mais également par la clientèle du bain communal, des trois établissements thermaux privés ou du mitoyen, et récemment étrennés, centre de repos des moudjahidine; aux dynamiques agents de sécurité ; aux braves femmes de ménage et… à l'inénarrable jardinier, le menu et bien nommé Rebi'i (le quatrième de la fratrie masculine) toujours aux petits soins des luxuriants parterres fleuris, souvent soumis à de désagréables cavalcades que lui inflige la puissante tondeuse de gazon qui, parfois, le traîne à plat ventre sur l'herbe tendre sous le rire sympathique des curistes et de ses collègues. L'implantation du complexe thermal de la MGHU sur une assiette de 3,5 ha au cœur de la commune de Hammam Soukhna, sur un promontoire ouvrant sur une vaste plaine céréalière, constitue un atout de taille pour le développement de ses activités en harmonie avec les perspectives de promotion de la localité en véritable ville d'eau. Nombre de facteurs militent, en effet, en faveur de ses ambitions de jouer le rôle de leader dans ce créneau phare que compte, à tout prix, faire prospérer la wilaya de Sétif dont dépend cette commune. Face à la forte demande et à la vigoureuse concurrence qui commence à s'affirmer eu égard à l'implication de plusieurs promoteurs fortunés dans ce juteux créneau, les responsables de la MGHU escomptent accroître les capacités d'accueil du complexe sur l'appréciable poche foncière restante (plus d'un hectare) pour y édifier un grand hôtel, des studios et autres structures de détente et de loisirs. TOURISME à LARGE SPECTRE Nous avons, durant notre cure de trois semaines, eu tout le loisir de mesurer la «collusion» d'une multitude de facteurs militant en faveur de l'avenir prospère du thermalisme dans la commune de Hammam Skhouna. La situation géographique de cette localité sur un espace focal de prédilection culminant à 870 m au-dessus du niveau de la mer, situé à 45 km au sud-est du chef-lieu de wilaya, Sétif, à 80 km à l'ouest de Batna, du double de cette distance, de Biskra au sud et de M'sila au sud-ouest. De plus, elle a l'heur de rayonner – à de modestes encablures – sur une galaxie de cités prospères, à l'exemple d'El Eulma et de son prestigieux marché portant le nom de Doubaï, Tadjnanet, réceptacle de mirifiques cavernes «d'Ali Baba», de Aïn Azel qui avait accueilli la pause de la caravane de Hizia, de Baidha Bordj l'oubliée qui a vu naître la chanteuse Thelja et la consœur Nouara Djaafar, de Aïn Oulmane, véritable zaouïa de grillades et de jouir de la fructueuse proximité avec les majestueux Aurès. En passant par Aïn Jasser, Merouana est à portée du regard qui pourrait se faire charmer par la beauté du parc de Belezma. En poussant plus loin, on peut s'offrir d'enivrants coups de foudre en longeant les piémonts aurésiens, s'ébahir devant la pyramide d'Imedghassen, grimper jusqu'à Khenchela, en descendre ensuite pour visiter les lieux de la glorieuse révolution : Kaïs, Feïs, Boulefraies, Chélia, Yabous, Lambèse, Batna et même de faire un petit saut à l'antique et exquise Djemila, à un jet de pierre d'El Eulma. Toutes ces circonvolutions pourraient paraître oiseuses, néanmoins elles devraient, faut-il l'espérer, avoir le mérite de convaincre nos décideurs sur la nécessité de développer le tourisme dans l'arrière-pays avec, le bon sens, le réalisme et la générosité qu'avait laissé paraître, lors des dernières assises de son département, le nouveau ministre de l'Aménagement du territoire, du Tourisme et de l'Artisanat, Abdelouahab Nouri en faveur d'un tourisme à… large spectre. Hammam Skhouna, qui était, il n'y a guère longtemps, un quelconque lieudit pourvu d'un modeste griffon d'où jaillissait une source d'eau thermale ayant permis, à l'époque coloniale, d'y édifier une minoterie (fonctionnant avec une roue à aube mue par cette eau), semble désormais en pole position pour aller à la conquête de toutes les variantes du secteur du tourisme : thermal, culturel, spirituel, écologique, commercial, d'affaires… et la liste pourrait être encore longue. (M. S. L) *Ex-journaliste à Algérie Presse Service (APS)