«Biskra, reine du désert, ville, oasis, escale d'artistes». C'est l'intitulé d'une exposition qui se tiendra à l'Institut du Monde arabe (salle d'exposition temporaire, niveau 1) à Paris du 23 septembre courant au 22 janvier 2017, avec le soutien des quotidiens El Khabar, El Watan et du magazine Salama. Des photographies et des cartes postales, notamment, rendront compte de la diversité humaine de Biskra, ville et oasis, d'une «société complexe qui se met alors en place et qui fait se côtoyer les cultivateurs de palmiers dattiers, les ouvriers et négociants pieds-noirs, les dignitaires algériens, les militaires français, les marchands mozabites, les artisans juifs, les danseuses des Ouled Naïl, les travailleurs et musiciens noirs, les Bédouins du Sahara… sans oublier les Européens, Américains, Russes, Australiens à la recherche aussi du pittoresque en plus d'une guérison», est-il précisé dans l'argumentaire de l'exposition, dont le commissariat sera assuré par Roger Benjamin, professeur d'histoire de l'art à l'université de Sydney, et Eric Delpont, directeur du musée de l'IMA. Quant à la peinture, «elle se cantonne dans des sujets plus restreints et constants au fil des décennies : scènes de genre, paysages, portraits, souvent de femmes». La manière dont les artistes les interprètent illustre «l'évolution des styles, de l'orientalisme au futurisme : Eugène Fromentin, Gustave Guillaumet, Frederick Arthur Bridgeman, Maurice Bompard, Marie Caire-Tonoir, Maurice Denis, Oskar Kokoshka, Henri Valensi… autant de visions différentes mais toujours empathiques». Les commissaires de l'exposition relèvent que «rares sont les lieux dans le Monde arabe qui ont agi durant une période de plus d'un siècle comme des''révélateurs'' auprès d'artistes». Et que l'idée de l'exposition est «précisément née de l'expérience vécue à Biskra par des artistes de l'avant-garde européenne autour de 1900, qu'ils soient peintres (Henri Matisse), photographes (Henri Evenopoël), écrivains (André Gide) ou encore musiciens (Béla Bartók)». «Le dialogue de ces disciplines dans l'évocation ou la représentation de Biskra et son oasis fait l'effet d'un miroir, tendu tout autant vers l'autre que vers soi. Ce dialogue témoigne également en creux de la difficulté d'une rencontre de cultures, oblitérée par un rapport de forces et une hostilité réciproques générés par la conquête sanglante de l'Algérie au terme des années 1830. Pourtant, cette tension n'empêche pas les artistes d'être intrigués d'abord, puis séduits, par les êtres comme par l'environnement». Ils rappellent aussi que la présence à quelques kilomètres de sources chaudes, connues depuis l'Antiquité, et son climat sec vont transformer Biskra en station d'hivernage et la recommander pour le soin de différentes affections, notamment pulmonaires. A côté du Vieux Biskra, une ville nouvelle se construit autour d'établissements hôteliers de prestige. Un magnifique jardin botanique, créé par le comte Landon, contribue à l'embellissement de la ville. Deux kiosques respectivement consacrés à la musique et au cinéma prolongent cette visite-redécouverte de la Biskra d'hier à aujourd'hui puisque l'exposition veut aussi «mettre en lumière la continuité d'une veine artistique en incluant des peintres et photographes algériens contemporains».