Le ministère des Affaires religieuses décide de durcir le contrôle dans les mosquées. De nouvelles mesures strictes et rigoureuses viennent d'être prises par le premier responsable du département ministériel de Bouabdellah Ghlamallah. Ces mesures, qui seront appliquées dans les tout prochains jours, visent à limiter les dépassements dans ces « lieux saints », qui ne devraient plus servir de tribune à la propagande islamiste. Selon Abdellah Tamine, conseiller du ministre et chef de la cellule de communication, il s'agit, entre autres, d'appliquer strictement le décret exécutif n°91-81 du 23 mars 1991 relatif aux conditions et aux normes de construction et de gestion des mosquées. Décret qui a été laissé en « hibernation » pendant la décennie du terrorisme. D'après lui, près de 40 000 salles de prière anarchiques ont été déjà fermées à travers le territoire national. « Nous ne les considérions pas comme des mosquées, car elles ne répondaient pas aux normes en vigueur », nous a-t-il souligné. M.Tamine a précisé que certaines de ces salles qui ont fait l'objet de fermeture n'étaient en fait que de simples gourbis où se côtoyaient les charlatans de tout genre et qui servaient de lieu de rencontre des promoteurs de l'intégrisme islamiste. Cela, d'après lui, n'est qu'un début dans « cette grande opération d'assainissement » des mosquées. Il soulignera en effet que le ministère ne tolérera plus jamais de tels lieux pour la prière. Ainsi, toute personne qui ferait la prière dans un « lieu » non autorisé officiellement par le ministère serait passible de prison. Aussi, toute construction de mosquée se fera sur la base d'un plan architecturel arabo-musulman, d'une étude technique et surtout avec un permis de construction délivré en bonne et due forme par les autorités locales. L'imam est contraint de respecter à la lettre le cahier des charges qui lui sera délivré par la direction des affaires religieuses de wilaya. Aussi, afin d'améliorer la gestion des mosquées, le ministère interdit à toute personne non autorisée de parler au micro de la mosquée ni de faire l'appel à la prière quotidien. Outre cela, les fatwas émanant de l'initiative personnelle de l'imam ou qui ont été « importées » passeront obligatoirement par la commission nationale des fatwas qui dispose d'une représentation au niveau de toutes les wilayas. Cette commission est la seule habilitée à autoriser des fatwas hors celles recommandées par la tutelle. Le chapelet de mesures est encore long. Tenant compte des doléances des citoyens, le ministère a décidé d'installer une commission nationale de réglementation du « son ». Pour que l'appel à la prière ne soit plus dérangeant pour ceux qui résident aux alentours des mosquées, la commission fera intervenir des spécialistes du « son », a ajouté M.Tamine, qui précisera qu'en plus de cela, la commission se chargera de choisir « des personnes qui ont la voix douce » pour l'appel à la prière. Aussi, aucune personne ne sera autorisée à appeler à la prière sans qu'elle ne soit soumise à une enquête « de moralité et de probité ». Le ministère a également décidé de passer sous la loupe tous les ouvrages disponibles dans les bibliothèques des mosquées. Ce travail a été confié à la commission nationale de lecture qui aura la mission, toujours selon M.Tamine, de détecter d'éventuels écrits subversifs. L'opération engagée depuis quelques jours a déjà permis de recenser quelques dépassements. « Nous avons trouvé dans une bibliothèque des tracts où il est écrit qu'il est permis de brûler une mosquée », a-t-il souligné, rappelant avoir retiré du Salon international du livre 500 titres d'ouvrages subversifs. Outre ces mesures, il est interdit aux imams de pratiquer le charlatanisme, que ce soit à l'intérieur des mosquées ou dans leur logement de fonction. Le non-respect de ces instructions exposerait son auteur à la radiation, voire à des peines de prison.