Fatma Oussedik est maître de recherche au CREAD et maître de conférence à l'université de Bouzaréah. Les nouveaux types de restauration n'ont pas échappé à l'œil aiguisé de la sociologue et sans condamner l'émergence de restauration « bon marché », ils restent, selon elle, en deçà des exigences citoyennes. Explication : « Nous pouvons distinguer 2 catégories de clients. Les premiers étant issus de la classe moyenne et vont facilement se restaurer dans des restaurant libanais, pakistanais ou indien. C'est le cas du jeune cadre dynamique qui vit chez ses parents. Puis il y a le PDG ou les expatriés qui eux fréquentent assidûment, pour le travail, des restaurants de renom. Cependant, le premier constat établi par la sociologue est qu'Alger est vide. « Il s'agit d'une capitale et il n'existe pas de grand restaurant proposant de la rechta bien de chez nous. Il y a un grand vide car il n'y a pas valorisation de notre culture culinaire à tel point que des restaurateurs algériens se travestissent à l'étranger en prétendant être des restaurants marocains », soutient-elle. Et d'ajouter en guise de preuve : « On reconnaît une capitale à ses restaurants et un restaurant a ses toilettes ». Sans détour, la sociologue revient sur l'absence d'hygiène dans les toilettes d'un restaurant. « On n'arrive pas à tenir propre un hôpital alors un restaurant... », conclut-elle sur le sujet de l'hygiène. Aux yeux de l'experte, ces nouveaux restaurants dont le décor est sophistiqué et dont la nourriture est accessible niveau prix, n'ont que la devanture. Absence de parfum et de saveurs. Pas qu'au restaurant mais également chez les individus. « En anthropologie, on étudie la cuisine. Levi-Strauss définit le sucré comme des rapports de distance et le salé pour l'intimité. Un nouveau marié achète le mouton pour le mariage et ne dit-on pas lorsqu'on est trahi par un proche qu'on a pourtant échangé le sel. Or, lorsque nous sommes invités, c'est pour le café. Qui invite encore pour un dîner ou un déjeuner ? », continue Mme Oussedik. Car donner de la viande à manger, c'est incorporer l'invité. La convivialité et le partage ne sont plus de rigueur.