L'accident survenu dernièrement à Halil, à la périphérie de la ville de Béjaïa, devrait relancer le projet de la modernisation de la voie ferrée et le dossier de reclassement des passages à niveau. Décidément, les autorités attendent qu'un drame se produise, qu'on compte les morts et les blessés par dizaines pour qu'elles suppriment ou sécurisent ces passages à niveau», fulmine un riverain, les yeux rivés sur la toupie qui s'est détachée d'un camion-tracteur qui venait d'être percuté par un train transporteur de voyageurs, à Halil, à hauteur d'un passage à niveau non gardé. Son camarade ajoute que «les autorités ne devraient pas autoriser des constructions à proximité des voies ferrées ni l'ouverture anarchique de passage pour chaque maison». Il est presque 13h. Un camion-toupie, qui sortait d'une centrale à béton sise sur la rive droite de la RN12 en allant vers Béjaïa, est heurté par un train en provenance d'Alger. Le chauffeur du camion s'en sort indemne et les occupants du train sont sous le choc. La toupie, séparée de son tracteur, glisse sur la chaussé fermant la voie à la circulation automobile. A deux mètres de la voie ferrée, un buraliste ramasse des tessons et carreaux de sa vitrine qui a volé en éclats, témoignant de la violence de l'impact. Cet énième accident devrait relancer le dossier du dédoublement du chemin de fer Béjaïa-Alger et surtout la question des passages à niveau ouverts anarchiquement. Pour rappel, en novembre 2015, après la mort d'un contrôleur de train à Sidi Bel Abbès et le décès, un mois plus tard, d'un aide-mécanicien sur locomotive à Akbou, les mécaniciens et conducteurs de la Société nationale de transport ferroviaire (SNTF) avaient enclenché un mouvement de grève qui a paralysé le trafic ferroviaire. Alors, «le reclassement des passages à niveau sur la ligne Béjaïa-Akbou» a été revendiqué avec insistance. A ce propos, l'ancien wali de Béjaïa, M. Ould Salah Zitouni, a indiqué lors de la mise en service d'une nouvelle ligne d'autorail (Béjaïa-Alger) en juillet 2016 qu'«une commission est sortie sur le terrain pour recenser les passages et tenter de trouver des solutions pour en réduire le nombre». Mais rien n'a été fait à ce jour. Outre les 11 passages à niveau gardés, l'unité d'entretien des infrastructures ferroviaires de Béjaïa (UEIFB) a compté 32 passages non gardés réglementés (PNNG) et un passage illicite à hauteur de Ibourassen, à la sortie sud de la ville de Béjaïa. Il a été constaté, d'ailleurs, que les accidents ferroviaires surviennent en majorité au niveau des passages non gardés. 2015 a été l'année où ces passages ont été le plus meurtriers avec pas moins de cinq personnes tuées dans 18 accidents où sont enregistrés également des dégâts matériels importants. A l'unité d'entretien des infrastructures ferroviaires de Béjaïa on a indiqué que la société avait entamé un travail de reclassement des passages à niveau en 2011 dans le but d'en supprimer quelques-uns et d'en doter d'autres de gardiens, mais la démarche, initiée dans le cadre d'une commission mixte, a été abandonnée. En plus de l'inconscience des citoyens et le manque de vigilance de certains conducteurs de véhicules s'ajoute le manque de visibilité engendré par les constructions et les installations de fortune des commerçants illicites à proximité de la ligne. En plus des pertes humaines et les dégâts matériels enregistrés chaque année, les accidents sur le chemin de fer engendre des pertes incommensurables à l'entreprise nationale.