Après la mort d'un contrôleur de train à Sidi Bel Abbès, le 28 novembre 2015, suivi un mois plus tard par le décès d'un autre cheminot, un aide-mécanicien sur locomotive à Akbou, dans la wilaya de Béjaïa, les mécaniciens et conducteurs de la Société nationale de transport ferroviaire (SNTF) ont enclenché un mouvement de grève qui a paralysé le trafic ferroviaire. Les cheminots ont soulevé, entre autres revendications, le reclassement des passages à niveau sur la ligne Béjaïa-Akbou qui dispose, outre les 11 passages à niveau gardés, de 32 passages non gardés réglementés (PNNG) et un passage illicite à hauteur de Ibourassen, à la sortie sud de la ville de Béjaïa. Le chef de service de l'unité d'entretien des infrastructures ferroviaires de Béjaïa a indiqué que deux autres passages à niveau gardés ont été créés provisoirement au niveau du carrefour Quatre Chemins. Selon M. Khenoussi, «la société avait entamé un travail de reclassement des passages à niveau en 2011 dans le but d'en supprimer quelques-uns et d'en doter d'autres de gardiens, à l'image de celui d'Akbou où notre collègue a été tué après la collision du train avec un camion de gros tonnage. Cette démarche, initiée dans le cadre d'une commission mixte, a été abandonnée». Il est à souligner que les accidents ferroviaires surviennent en majorité au niveau des passages non gardés. A Béjaïa, pas moins de cinq personnes ont trouvé la mort, dont un cheminot, dans 18 accidents où sont enregistrés également des dégâts matériels importants. A l'inconscience des citoyens et au manque de vigilance de certains conducteurs de véhicules s'ajoute le manque de visibilité engendré, selon les cheminots, par les constructions et les installations de fortune des commerçants illicites à proximité de la ligne. Aussi, des déchets durs et volumineux sont déposés par des individus sur le rail. Devant cet état de fait, les cheminots protestataires demandent aux autorités locales de s'impliquer dans la sécurisation des passages à niveau, la suppression des passages inutiles et le nettoyage des servitudes. Mais aussi, ils revendiquent la retraite après 25 ans de service et la prise en considération des risques de leur métier. M. Khenoussi a affirmé que «des plaintes ont été déposées auprès des services de sécurité contre des agresseurs des infrastructures, mais aucune suite n'a été donnée». Par ailleurs, Mme Rachedi, chef de gare à Béjaïa, qui regrette les pertes humaines, a estimé que «la procédure menée par les services de sécurité après chaque accident engendre beaucoup de désagréments à la société ainsi qu'aux clients. Ainsi, le conducteur est contraint d'immobiliser la machine sur le lieu du drame, avant d'être embarqué pour… une prise de sang». Pour elle, seule la sensibilisation des citoyens peut endiguer ces drames.