Evolution tendancielle, le business du mariage bouscule passionnément les valeurs traditionnelles, conférant désormais au cérémonial des attributs de véritable industrie où toute une chaîne de paramètres tels les salles des fêtes, orchestres, disc-jockeys, cuisiniers, décorateurs, coiffeurs, photographes, voire des troupes de fantasia, collaborent à la réussite de l'union sacrée. Au final, les portefeuilles des mariés et des parents sont mis à rude épreuve pour financer la réception des convives, le tout sur fond d'une planification minutieuse et d'une hiérarchisation des différents éléments par ordre de primauté et bien entendu la priorité est accordée à la location de la salle des fêtes. Créneau juteux, le recours aux salles des fêtes est en vogue, et quand bien même leur nombre a connu une croissance exponentielle, les prix n'ont pas connu une tendance baissière, en sus d'une qualité discutable, obligeant les services concernés à procéder à des contrôles et recourir, le cas échéant, à des fermetures. Dans la wilaya de Constantine, qui compte actuellement 59 salles de fêtes opérationnelles, les brigades de la direction du commerce ont enregistré, entre janvier et juillet derniers, pas moins de 34 interventions au niveau de ces structures, selon les services concernés. Les mêmes services ont également relevé, durant cette même période, cinq infractions avec autant de procès-verbaux de poursuites judiciaires émis deux propositions de fermeture pour absence d'agrément et activité en dehors du registre de commerce et délivré deux mises en demeure pour absence d'hygiène. Prestations «haut standing» Le non-respect des conditions d'hygiène et de salubrité, la défaillance du système de sécurité, notamment l'absence d'extincteurs et de sorties de secours, le défaut de registre de commerce et d'agrément sont souvent les d'infractions les plus relevées par les services de contrôle. Des prestations «haut standing» chèrement payées. Très recherchées pour leur superficie, certaines salles des fêtes de la ville de Constantine sont plus prisées que d'autres, notamment les plus chères pour les commodités et les prestations «haut standing» qu'elles offrent à leur clientèle qui aspire essentiellement à disposer d'une cuisine propre, bien équipée et climatisée. Pour Adra, mère d'un nouveau marié de 32 ans, qui a convolé en justes noces à la fin du mois d'août, «l'hygiène des lieux est vraiment primordiale, surtout l'état du réfrigérateur et du congélateur pour que des aliments comme la viande, le poulet ou les salades soient bien conservés», précisant qu'elle a visité trois ou quatre salles des fêtes pour se décider. Samira, 59 ans, abonde dans le même sens, en soulignant l'importance du respect de la chaîne du froid, mettant à ce titre l'accent sur l'état de l'électroménager vétuste et insalubre de certaines salles, contraignant bon nombre de clients à se rabattre sur les plus coûteuses, car elles offrent plus de commodités et des cuisines mieux équipées. «De nos jours, le mariage est devenu un véritable business où tout s'imbrique, tout est lié : l'état de la salle des fêtes, l'équipement de cuisine, la disponibilité de la climatisation, une musique adéquate ainsi que la décoration», soutient-elle, insistant toutefois sur l'hygiène des lieux qui constitue, selon elle, le paramètre le plus important de tous. «Parfois 350 000 DA la journée» Les zones industrielles ont perdu le monopole. Il y a quelques années, les zones industrielles (ZI) de Constantine représentaient un lieu de prédilection pour la célébration des mariages, fiançailles, circoncisions ou encore les succès aux examens, proposant un standing pas toujours à la hauteur des attentes des citoyens. Aujourd'hui, ces ZI ont perdu le monopole, d'autant que les salles des fêtes ont commencé à foisonner et à se «greffer» dans des quartiers différents, notamment à la périphérie de la ville, comme dans le lotissement appelé Lejdour, où de nombreuses salles des fêtes ont vu le jour ces dernières années. D'après Malika, une «mnaoulia» (cheffe cuisinière payée pour préparer les repas de mariage et autres), certaines salles des fêtes accusent un réel manque de commodités et d'hygiène, notamment en ce qui concerne l'équipement de cuisine laissé par les précédents occupants de la salle dans un état de saleté déplorable. A ses yeux, les salles les moins chères sont le plus souvent mal entretenues. Connaissant bien la plupart des salles de la ville du Vieux Rocher pour y avoir cuisiné à l'occasion des mariages, Malika estime qu'après les zones industrielles, les fêtes ont trouvé à présent de nouveaux cadres, à l'instar de la nouvelle ville Ali Mendjeli, où les salles sont plus spacieuses, plus belles et inévitablement plus onéreuses, atteignant parfois les 350 000 DA la journée. Difficile, par ailleurs, de maîtriser ce chapelet de dépenses surtout quand on veut être à la page en s'offrant des prestations qualitatives et comme le business du mariage est un filon d'or inépuisable, le recours à une fantasia, spectacle équestre bien de chez nous, vient «pimenter» un cérémonial davantage budgétivore.