La maison des droits de l'homme et du citoyen (LADDH) de Tizi Ouzou a abrité, ce week-end, un séminaire sur les droits économiques et sociaux. Les intervenants ont axé leurs communications sur le statut général de la Fonction publique (SGFP) en Algérie et sur le pacte national économique et social, signé par le gouvernement, les représentants du patronat et l'UGTA. M. Hadj Laâzib Rachid, ancien cadre au ministère du Travail, a insisté sur le retard de seize ans, mis par l'Etat, pour mettre en application une disposition de la Constitution concernant l'élaboration du SGFP. Selon lui, l'actuel statut de la Fonction publique qui prône la contractualisation dans le secteur public accentue la précarisation et aggrave les inégalités sociales. L'ancien secrétaire général du syndicat des douanes, Ahmed Badaoui, estime que « le pacte économique et social est frappé de nullité puisque, à part l'UGTA, aucun syndicat autonome n'a été associé à son élaboration et plus de la moitié des organisations patronales ne l'ont pas accepté ». Le secrétaire général du CLA, Redouane Osmane, déclare que « le statut de la Fonction publique a été adopté sans qu'il soit soumis aux débats et il ne contient aucune grille indiciaire et salariale. L'article 60 du nouveau SGFP est en totale contradiction avec la Constitution qui garantit le pluralisme syndical ». Autrement dit, le pacte économique et social aussi bien que le SGFP sont deux véritables instruments du pouvoir pour la restriction des libertés syndicales en Algérie, s'accordent à dire les trois orateurs. « Le pacte est venu pour concrétiser, progressivement, la politique du désengagement de l'Etat des secteurs de l'économie, de la santé et de l'éducation. L'Etat ne veut plus jouer le rôle d'un pouvoir régulateur, ce qui explique en partie le libéralisme sauvage qui s'installe au détriment de la société muselée sur le plan politique, estiment-ils. M. Oussalem, enseignant à l'université de Tizi Ouzou, déclare que « l'avancée sur le droit politique et civil permet de faire avancer les droits économiques et sociaux. En Algérie, en plus du niveau faible enregistré en matière de développement, le droit politique est restreint et les inégalités sociales importantes ». En somme, les participants au séminaire du week-end dernier se disent prédisposés à créer une confédération des syndicats autonomes qui aura pour principe de base « la construction d'un mouvement de résistance sociale qui adoptera une politique de convergence, consciente des luttes » sur le plan économique et social. Cette rencontre a eu lieu grâce à l'aide de la fondation allemande Friedrich Ebert.