Ira ? N'ira pas ? Dans les antichambres du pouvoir, là où on discute de la prochaine présidentielle, on scrute les indices pour tenter de comprendre ce qui se passe actuellement entre les différents clans du pouvoir. Les virulentes attaques de Djamel Ould Abbès, secrétaire général du FLN, contre le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, contribuent à brouiller les cartes sur les intentions réelles du président Bouteflika pour 2019. «C'est Djamel Ould Abbès qui contribue à semer la zizanie, commente un sénateur du tiers présidentiel. Ses attaques contre le Premier ministre brouillent les pistes et certains envisagent sérieusement une possible non-candidature du Président.» La promptitude avec laquelle le secrétaire général du FLN a dénoncé l'accord signé le 23 décembre entre le gouvernement, le syndicat UGTA et les organisations patronales, permettant aux entreprises nationales de prendre des actions dans certaines entreprises relevant du secteur public en est une nouvelle preuve et a encore un peu plus semé le doute sur les intentions du clan présidentiel. Pour la première fois depuis son arrivée au pouvoir en 1999, certains envisagent ouvertement une non-candidature de Bouteflika pour un 5e mandat. «Je pense que ça cogite beaucoup autour de la question, affirme un sénateur. Bouteflika a été le président de l'opulence financière, pas sûr qu'il soit chaud de rester au pouvoir, alors que la situation économique est très fragile et risque d'être pire en 2019, l'année de la présidentielle.» Et d'ajouter : «Une non-candidature de Bouteflika n'est envisageable que si le clan trouve un bon candidat face à M. Ouyahia et pour l'heure ce n'est pas le cas.» Dans un entretien au quotidien El Khabar, Abderrazak Makri a expliqué la situation dans laquelle se trouve actuellement le clan présidentiel. Pour l'ancien patron du MSP, face à la candidature d'Ahmed Ouyahia, les Bouteflika n'ont personne de crédible à lui opposer. «Il y a un Premier ministre qui est prêt à se lancer dans la course à la présidentielle, avec un programme et un parti pour le soutenir, et en face il y a un clan présidentiel qui n'a personne à lui opposer», a-t-il déclaré. La candidature de Abdelmalek Sellal est jugée trop «légère», même si le partenaire français ne serait pas contre une telle option, alors que celle de Chakib Khelil est plombée par le procès Saipem qui doit s'ouvrir à Milan. C'est dans ce contexte que la candidature de Bouteflika pour un 5e mandat paraît inéluctable pour certains face à la menace Ouyahia. Elle est à l'heure actuelle la seule option entre les mains du clan présidentiel pour s'assurer un semblant de tranquillité pour les prochaines années et préparer plus sereinement l'émergence d'un candidat.