Des révélations inédites, des témoignages frappants, des récits bouleversants et des anecdotes originales ont marqué un rendez-vous qui restera dans les annales. Jeudi 1er février. Café Riche de la place Hocine Rouibah. Beau temps. Affluence nombreuse. Pelouse en bon état. Ambiance chaleureuse. Musique en continu. Intenses préparatifs d'avant-match. Invités bien accueillis. Il y a même la gent féminine (ce qui est rare pour un match de foot). Arbitrage réussi du Pr Abdelmadjid Merdaci, assisté de Lounis Yaou et Meriem Merdaci. Commissaire du match, Mohamed Aggabou. En fait, il ne s'agit nullement de la fiche technique d'un match de football, mais d'une rencontre inédite pour un public sportif d'une autre époque, venu assister à un derby CSC-MOC, que les «Zinzins du Café Riche» ont décidé de faire (re) jouer et surtout revivre dans une autre dimension. La rencontre, qui s'inscrit dans le programme culturel «Houna Qassantina», a réussi à faire revivre surtout ces beaux moments d'antan entre amis et frères rivaux des deux clubs phares de la ville du Vieux Rocher. C'est l'histoire remarquable de ces derbys qui a été aussi convoquée à la faveur des multiples interventions passionnantes et passionnées des acteurs présents, dont certains étaient d'anciens dirigeants du CSC et du MOC, ayant vécu les ferveurs des duels entre les deux clubs dans les coulisses, à la tribune officielle ou sur la main courante du stade mythique Benabdelmalek Ramdane ou celui du stade fétiche Chahid Hamlaoui. D'anciens joueurs n'ont pas manqué à l'appel, comme Salah Hanchi, ancien gardien de but au CSC puis au MOC, qui a fait sensation, mais aussi notre confrère, Mohamed Aggabou, journaliste et ancien commentateur sportif, qui garde encore les souvenirs de six derbys qu'il a vécus corps et âme. Comme dans toute histoire, le passé emblématique des deux clubs, à l'origine d'une véritable épopée qui marquera la mémoire collective de la ville de Constantine, est revenu souvent dans les discussions. Un sujet que le Pr Abdelmadjid Merdaci maîtrise parfaitement et pour lequel il tiendra à rappeler que «l'émergence de ces deux clubs fait partie d'un large mouvement qui a vu aussi l'émancipation de la jeunesse constantinoise à travers une pléiade d'associations culturelles, musicales et théâtrales depuis l'année 1898». Contrairement à ce que certains tentent toujours de faire croire aujourd'hui, les derbys CSC-MOC ont toujours été des moments de fraternité et de fair-play. «Un derby, ce n'est pas un match, c'est une histoire», lancera un intervenant. Peu de gens parmi les supporters de la jeune génération savent qu'en 2018, la ville devra célébrer le 70e anniversaire du 1er derby CSC-MOC, joué en 1948, alors que le dernier remonte à la saison 2010-2011. En 63 ans, les deux clubs se sont affrontés 49 fois, avec 22 victoires pour le MOC, 9 victoires pour le CSC et 18 matchs nuls. Des chiffres qui ne devront pas inciter à autre chose, surtout que les deux clubs ont toujours entretenu des relations de respect. Une histoire à écrire La présence à ce rendez-vous d'un groupe d'amis du CSC, à leur tête Nourredine Bouderbala, fils de Hadj Mouloud Bouderbala, un ancien président des Vert et Noir, a révélé qu'un travail de recherche est en train de se faire pour écrire l'histoire de ce club, malgré les difficultés rencontrées pour collecter les archives dispersées un peu partout. L'heureuse nouvelle annoncée à cette occasion a été le projet de création d'un grand musée pour le CSC, digne des grands clubs de football. Un projet en préparation, en coordination avec les autorités et les anciens responsables du club, en attendant de trouver un local. «Ce sera un musée qui devra rassembler toute l'histoire du CSC depuis sa naissance, avec tout ce que nous pourrons réunir comme documents, photos, souvenirs et objets et auquel tous les amoureux du club devront contribuer», avance le fils de Hadj Bouderbala. Ce dernier a confirmé qu'il est en train de préparer la réédition du fameux ouvrage réalisé par son père sur l'histoire du doyen des clubs algériens. Il reste aux amis du MOC de faire de même et de se lancer dans l'écriture de l'histoire de leur club, qui a marqué de son empreinte le gotha du football national, grâce à une génération exceptionnelle durant les années 1970. L'une des icônes de cette fameuse équipe a été l'ancien gardien de buts, Salah Hanchi, vice-champion d'Algérie en 1974 et deux fois finaliste malheureux de la coupe d'Algérie, en 1975 et 1976, contre le MCO et le MCA. Son parcours est à lui seul toute une histoire à écrire. «Je suis né dans un quartier clubiste à Sidi Rached et j'ai grandi dans un quartier mociste à Ouled Braham. J'ai passé de belles années au CSC, avant de rejoindre le MOC pour des raisons familiales. Si j'ai réussi dans ma carrière de footballeur et dans ma vie, c'était grâce au CSC, au MOC et à ma ville, Constantine», a-t-il révélé à l'issue d'un récit bouleversant qui a ému l'assistance. A noter que le rendez-vous des Zinzins du Café Riche a été marqué par un vibrant hommage rendu à Mohamed-Kamel Hannachi, un valeureux homme de théâtre, qui a œuvré toute sa vie à aider les jeunes, les passionnés et les associations activant dans le 4e art. Il vient de tirer sa révérence il y a quelques jours.