Les chiffres de l'investissement dans la wilaya transmis aux autorités centrales ne sont qu'un leurre qui ne reflète en aucun cas la réalité. En dépit des mesures incitatives prises par les autorités, l'investissement privé à Constantine peine à prendre son essor. Et ce n'est pas par manque d'investisseurs, puisque sur près de 700 opérateurs ayant fait valider leurs dossiers depuis 2012 auprès du Comité d'assistance à la localisation et à la promotion des investissements et de la régularisation du foncier (Calpiref), plus de la moitié ont obtenu un accord pour l'attribution d'un terrain. Le mal est donc ailleurs. C'est ce que le wali de Constantine, Abdessamie Saidoune, n'a pas manqué de relever lors d'une rencontre, la deuxième du genre en moins de six mois, tenue, jeudi dernier, au siège de la wilaya de la cité Daksi, avec des investisseurs, entrepreneurs et opérateurs économiques de la wilaya. Il a interrogé à cette occasion ses collaborateurs sur les difficultés rencontrées par les investisseurs pour concrétiser leurs projets et sur le potentiel industriel que la wilaya peut mettre à leur disposition. Des questions auxquelles le directeur des domaines de la wilaya, ainsi qu'une responsable de l'Agence nationale de développement de l'investissement (ANDI) ont tenté de répondre. Ils se sont donc efforcés à énumérer avec force détails toutes les facilités accordées aux investisseurs, ces dernières années, comme l'allégement des dossiers pour l'obtention de concessions de terrain, les avantages fiscaux, la création de nouvelles zones industrielles et d'activité, l'élaboration d'une cartographie territoriale des opportunités d'investissement par l'Andi, ainsi que les mesures prises pour la limitation des délais de délivrance du permis de construire par l'ouverture notamment d'un guichet unique au niveau de la wilaya. Des explications qui n'ont pas eu l'air de convaincre outre mesure les investisseurs présents. Les représentants de ces derniers, notamment ceux de la Fédération des chefs d'entreprise, du club des entrepreneurs de la wilaya et celui de la confédération du patronat se sont étalés sur les problèmes rencontrés dans la concrétisation de leurs projets, surtout pour ceux ayant obtenu des décisions d'attribution de terrains non identifiés dans des zones industrielles, à l'exemple des Z.I. de Sidi Romane (120 hectares) à Aïn S'mara, celle de Aïn Abid, l'extension de la zone d'activité commerciale à Ali Mendjeli (25 hectares) mais aussi celles de la Z.I de Didouche Mourad et de Benbadis. Des zones dépourvues de commodités Des zones dépourvues, selon eux, des commodités les plus élémentaires comme l'eau potable, le gaz de ville et l'électricité, ce qui a provoqué une démobilisation des investisseurs. Ils ont également invoqué l'insécurité qui règne au niveau de ces zones, ainsi que l'état déplorable dans lequel se trouvent certains réseaux routiers à l'intérieur de celle-ci. Force est de constater, par conséquent, que pour les opérateurs bénéficiaires de ces terrains, engager des projets d'investissement dans ces conditions paraît bien difficile, voire impossible. Les chiffres de l'investissement à Constantine transmis aux autorités centrales ne sont donc qu'un leurre qui ne reflète en aucun cas la réalité de l'investissement des opérateurs du secteur privé. Pour ce qui concerne l'habitat, un secteur stratégique qui connaît un retard considérable dans la wilaya, le représentant des promoteurs immobiliers dans la wilaya a évoqué pour sa part dans son intervention les difficultés rencontrées dans l'acquisition de terrains fonciers, qui n'a pas toujours été faite, selon lui, dans la transparence, ainsi que le retard dans le règlement de certaines situations de paiement. Un retard qui pénalise lourdement les promoteurs immobiliers. Des propos qui ont fait réagir le wali, lequel a fait remarquer que pour ce qui concerne les programmes LPA et LSP, les lenteurs constatées dans la réalisation des projets ont pénalisé la wilaya qui risque d'être privée de nouveaux programmes par le ministère de l'Habitat si la situation n'est pas assainie rapidement. Cela dit, et sans mettre en doute la volonté de ces opérateurs de chercher réellement à réaliser leurs projets, il nous paraît néanmoins utile de préciser que des dizaines d'autres pseudo- investisseurs bien connus sur la place publique à Constantine, ayant obtenu des terrains dans des zones viabilisées de la wilaya, en plus de crédits bancaires et autres avantages accordés par l'Andi, n'ont toujours pas concrétisé le moindre projet, depuis des années, voire plus d'une décennie.