Dix personnes interpellées, dont trois écrouées, cinq embarcations dites de plaisance avec moteurs hors-bord, dont un de 40 ch, une croix de Saint-André, en fait un lourd et massif engin de pêche bricolé avec des rails et de vieux filets et 280 gr de corail, tel est le bilan de la première opération combinée entre les gardes-côtes et la Gendarmerie nationale qui s'est déroulée le jour de l'Achoura, sur 20 km de littoral entre El Kala et le cap Rosa. Les forces de sécurité de terre ont été informées par les gardes-côtes de la présence d'une tente et d'individus sur la petite plage à l'embouchure du lac Mellah, autrefois un véritable petit paradis du parc national avant qu'elle ne devienne accessible aux 4X4 et autres « pêcheurs d'échouage » comme les initiés qualifient cette hérésie commune des ministères de la Pêche et celui de la Solidarité. Il faut souligner ici que bon nombre de personnes attribuent à ces ministères une grande part de responsabilité de ce qui se passe au sujet du corail et « el hrig » (l'évasion en grillant les frontières). On a, en effet, distribué en grande pompe, mais à tort et à travers, des embarcations qui n'ont jamais, à quelques exceptions près, été utilisées pour la pêche. Ce groupe de sept personnes a été cerné sur la plage. Les vérifications d'identité permettront l'arrestation d'un individu recherché par les services de sécurité. Une autre embuscade tendue plus à l'Est à un plaisancier, qui a accosté au lieudit Vieux port, va permettre d'établir le flagrant délit de pêche au corail. En effet, les deux pilleurs qui se trouvaient à bord de l'embarcation ont été écroués ; on trouvera la croix et les 280 gr de corail fraîchement arrachés. Vers la fin de journée, une autre vérification sur la plage du cap Rosa va permettre d'établir une infraction, celle de l'exercice de la pêche commerciale sans autorisation. Les pilleurs opéraient à 20 m de profondeur A propos d'autorisation, notre source a tenu à rapporter le fait que l'un des pilleurs écroués, suspecté auparavant de s'adonner illégalement à la cueillette du corail, exhibait son rôle de marin-pêcheur lorsqu'il a été trouvé à bord d'une barque de plaisance comme celles qui écument les récifs. Il a été l'un des plus farouches opposants à l'instauration de l'autorisation de pêche (ou de plaisance, selon l'embarcation) qui a récemment fait des vagues dans le secteur. Même s'il y a encore des pilleurs qui arrivent encore à passer entre les mailles du filet des gardes-côtes, il faut reconnaître que ces derniers ont, depuis quelques mois, réduit considérablement la distance qui les séparait des pilleurs, avantagés eux par le nombre, plus de 200 embarcations, par les téléphones qui informaient des mouvements de l'adversaire et par les GPS qui permettaient de remiser n'importe où en mer « l'équipement et la marchandise ». A propos du GPS, ceux qui sont à l'origine de l'offensive lancée par la mafia locale contre l'unité des gardes-côtes, le 1er janvier dernier, notre source nous a confirmé que ces derniers ont pu exploiter les informations qu'ils contenaient. Elle précise qu'une ruse des pilleurs a failli toutefois tromper les gardes-côtes qui avaient cru avoir fait des erreurs en ne trouvant pas sur sites les pointés au GPS. Mais avec l'aide de leurs plongeurs, ils ont découvert que les pilleurs ont placé leurs bouées de repérage à 15-20 m de profondeur pour qu'elles ne soient pas visibles de la surface. L'initiative est pour l'heure aux services de sécurité qui, dit-on, ont décidé de remonter aux commanditaires. Ils doivent garder l'offensive, au moins jusqu'à l'arrivée des hélicoptères promis qui, de l'avis de tous à El Kala, seront les seuls en mesure de contrôler infailliblement toute la zone et mettre définitivement un terme au pillage.