Des peines de 10 ans de prison ont été requises, hier, à l'encontre des principaux accusés dans l'affaire de la BCIA par le représentant du ministère public à l'issue de son intervention entamée avant-hier. Oran. De notre bureau Adda Larbi, ancien directeur de l'agence BEA 74 dite Yougoslavie, Lotfi Mohamed, Benyettou Nacer, Bentayeb Mohamed, responsables de l'agence de Sig ainsi que les gros commerçants Ahmed Fouatih Belkacem, Addou Samir, Ouala Rezak et Selmane Abderrahmane sont considérés comme étant (avec les Kharroubi, accusés mais pas concernés par ce procès) le noyau dur de cette « association de malfaiteurs ». En proposant 8 ans de prison contre Guitti Saâd et Reffas Lahcène, dont les comptes bancaires sont gérés respectivement par Haddad Yacine et Selmane Abderrahmane, il a considéré que leur responsabilité est également engagée dans les faits qui ont abouti au préjudice de 13 milliards de dinars causé à la banque publique BEA. Le ministère pulic a requis contre l'ancien DG de la BCIA, Benkadi Ahmed, 7 ans de prison au même titre que Djaouabi Mohamed et Amara Abdelkader, commerçants. A l'encontre de l'importateur Sahel Mohamed qui devait, par l'intermédiaire du DG d'Union Bank, actuellement en fuite, effectuer une transaction avec Selmane, le procureur a requis 5 ans de prison. La même peine a été demandée pour Bengraâ Bellabes Belkacem, à la tête de trois sociétés dont Salama (sécurité et transport de fonds). 4 ans de prison sont requis contre le fonctionnaire Boukhatem Saïd Karim et 2 ans à l'encontre de Cherif Hadria Ali Cherif, le propriétaire de la pompe à essence, et Lakhdar Fouatih (lien de parenté avec Ahmed Fouatih Belkacem), gérant de l'une des sociétés du groupe et associé à 5%. Poursuivi pour abus de confiance, le gérant de la compagnie de consignation qui a permis le débarquement au profit de Sotrapla de 3000 tonnes de sucre, propriété de la BEA qui détient les documents, s'est vu exiger une année de prison. Pour tout le reste, soit 24 accusés, des propriétaires de registres de commerce, une peine de 6 ans a été requise. Une amende de 1 million de dinars a été demandée pour chacun des accusés, excepté le dernier (20 000 DA). Toutes ces peines requises en référence à l'article 42 du code pénal et l'article 29 de la nouvelle loi sur la corruption l'ont été « pour le peuple écœuré à l'extérieur de cette salle, au nom de tout travailleur qui peine, de toute femme qui se lève à six heures du matin pour gagner dignement sa croûte, au nom de tout fonctionnaire qui attend impatiemment son salaire à la fin du mois, au nom de tout commerçant qui travaille dans la légalité et des jeunes qui se jettent à la mer pour échapper à ce genre de comportement ». Auparavant, la poursuite de son intervention, interrompue la veille, a concerné Selmane Abderrahmane par le biais duquel les clients de Sotrapla et ceux de Fouatih se sont croisés à Sig par l'entremise de Mohamed Ali Kharroubi, cité par lui comme le 4e élément de ce quartet. « Nous ne savons pas qu'il y a des châteaux à Blida », ironise-t-il en réponse à une déclaration faite par l'accusé qui a prétendu avoir vendu de grandes maisons à Blida pour justifier le montant faramineux du crédit dont il a bénéficié, alors que son compte ne contenait que 800 millions de centimes. Au sujet de Sahel Mohamed, qui a nié connaître Selmane, il s'interrogera sur le fait qu'un directeur de banque (celui d'Union Bank) se place en médiateur entre deux commerçants pour conclure une affaire qui se chiffre en milliards. Hormis des traites litigieuses, il a plusieurs fois évoqué la somme de 39 millions de dinars (3 chèques de 13 millions de dinars) déposée à Natexis. « ça me désole de voir des cadres banquiers brillants s'impliquer dans ce genre d'histoires », lance-t-il à l'égard de Benkadi Mohamed, DG de la BCIA, qui signe des dossiers présentés par Kharroubi sans se soucier de la véracité de leur contenu. Les avocats de Sahel Mohamed, les premiers à entamer les plaidoiries, ont plaidé l'innocence de leur mandant en insistant sur le fait que celui-ci n'a pas touché à cet argent et qu'il avait auparavant demandé à voir les documents commerciaux de son partenaire qu'il n'aurait pas, en fin de compte, selon lui, rencontré. Le deuxième avocat du même accusé a déploré les références au peuple et à l'argent public. Pour lui, dès janvier 1988, la loi parle de capitaux marchands de l'Etat mais il ne précisera pas que, même à ce titre, leur destination ne doit pas échapper au contrôle des pouvoirs publics. Dans son intervention, il est surtout revenu pour contester la terminologie contenue dans le rapport d'expertise. Il estimera que ce même rapport innocente son mandant.