Sur les huit députés qui sont intervenus hier à l'APN, cinq ont vivement critiqué le projet de loi sur l'orientation de l'enseignement supérieur présenté par Rachid Harraoubia. Les élus du peuple ont demandé le report du débat sur ce projet qualifié de très important et qui concerne le devenir de l'enseignement supérieur. « Nous nous interrogeons pourquoi un projet aussi important a été programmé à quelques semaines de la fin de la mandature. Ce n'est pas une petite réforme que propose le département de M. Harraoubia à travers ce projet comme il le prétend, mais nous qualifions le projet en question d'une attaque aux règles établies contre l'enseignement supérieur », a soutenu M. Taâzibt, représentant du Parti des travailleurs. Celui-ci fera remarquer au ministre que près de 14 articles que renferme le projet portent précisément sur la mise en place de l'université privée. Les intervenants, au demeurant pas très nombreux, ont regretté l'indifférence des députés des différentes formations qui n'ont pas réagi à ce projet qui vise, selon la formation de Mme Louisa Hanoune, en premier lieu la privatisation de l'université algérienne. Dans son exposé, le ministre a indiqué que l'université doit s'adapter à son environnement immédiat. Sur ce point, un autre représentant du PT ne comprend pas pourquoi le ministre s'entête à faire passer ce projet alors qu'il a constaté sur le terrain l'hostilité des étudiants et des enseignants quant au système LMD (licence, master, doctorat). « Les enseignants et les étudiants estiment qu'il n'y a aucune flexibilité de l'enseignement et refusent le système LMD qui ne va pas dans le sens du renforcement de la qualité de l'enseignement, mais plutôt dans la médiocrité », dira-t-il. Des députés d'El Islah et du FLN ont insisté sur le report du débat sur ce projet, d'autre députés ont appelé à son rejet lors de la séance prévue normalement pour aujourd'hui. Lors de son intervention, le premier responsable du secteur a expliqué que la réforme des enseignements supérieurs consiste en une première étape en la mise en place du diplôme de « licence nouveau régime ». Cette démarche, selon le ministre, est une exigence qui s'impose à l'université algérienne du fait de l'ouverture de l'Algérie dans le contexte de la mondialisation. « C'est à l'enseignement supérieur qu'échoit la lourde mission de former les cadres d'aujourd'hui et de demain capables d'accompagner la dynamique de mutation et de l'impulser », dira-t-il. Le responsable du secteur a expliqué la nécessité de la participation des établissements privés à la prise en charge de la mission de formation supérieure. A cet effet, il indiquera que la loi n°99-05 du 4 avril 1999 a consacré le principe de la prise en charge de la mission de formation technique de niveau supérieur par des personnes morales de droit privé. Cette démarche a pour objet d'encadrer de manière étroite la création d'établissements privés de formation supérieure ainsi que leur fonctionnement. Dans son exposé, le ministre, un fait contesté énergiquement par les députés, a relevé que ce dispositif (la loi complétée) a pour objectif de confirmer la subordination de la création d'établissements privés de formation supérieure à autorisation du ministre chargé de l'Enseignement supérieur. Cette autorisation est assujettie à la réponse aux conditions fixées par la loi et précisées dans un cahier des charges. Le dispositif exclut la formation supérieure en sciences médicales du champ d'intervention de ces établissements.