L'activité commerciale du bois et dérivés dans la commune d'Ath Zmenzer (12 km de Tizi Ouzou) traverse une crise difficile. Les nombreux artisans, menuisiers, ébénistes et commerçants (plus de 70 petites entreprises particulières activant dans ce secteur) souffrent du manque de matière première et de plusieurs autres contraintes. Le bois importé souvent du Canada, de Malaisie, de Finlande, d'Indonésie, de Suède, de Russie et de Roumanie, n'est pas toujours disponible. « L'impôt étouffe plusieurs vendeurs et artisans de la filière dans notre wilaya. Je ne sais pas pourquoi, mais c'est la réalité. Ici au chef-lieu de la commune, la location dépasse parfois les 10 000 DA. Heureusement pour moi, je travaille dans mon propre local », dit un responsable de l'établissement Saïdi, revendeur de bois installé au chef-lieu de la commune de Beni Zmenzer. Cette entreprise familiale, créée en 1997, achète sa marchandise de Blida, Alger et de Béjaïa. « On achète souvent les produits d'origine finlandaise, car ils sont de très bonne qualité. Le bois rouge et le blanc sont les plus demandés et les moins chers sur le marché local. Nous ne commercialisons pas le hêtre parce qu'il est trop cher », ajoute-il. Le prix d'achat d'un mètre linéaire de bois est, selon lui de 220 DA. Pour ce qui est du produit contreplaqué (CTP), il existe deux gammes différentes : le multiple, d'une épaisseur de 8 jusqu'à 20mm, coûtant de 1800 DA jusqu'à 2800 DA, et la gamme normale de 2,5mm jusqu'à 5mm, dont le prix d'une feuille varie entre 600 DA et 1000 DA. Même son de cloche chez un artisan de l'entreprise Belaïdi et frères, créée en 1999. « Le prix de la matière première est très volatile. En moins de deux jours, le prix d'un ML du bois du madrier pour faire des cadres aux portes et fenêtres, a augmenté de 20 DA. Il était de 340 DA et il a atteint 360 DA. On ne peut même pas faire des devis pour nos clients. Une situation qui n'arrange personne », nous dit M.Belaïdi, avant d'ajouter : « Le prix d'une feuille de contreplaqué ne cesse d'augmenter, pour atteindre les 780 DA. Depuis cinq mois, il n'a pas connu de baisse. A cela, il faut ajouter les difficultés de recouvrement chez nos clients. Notre fonds de roulement touche le fond. On ne peut pas se développer dans de telles conditions. Seuls ceux qui ont un capital considérable peuvent tenir le coup. » Cet artisan achète la matière première chez un revendeur de la municipalité, propriétaire de deux dépôts, l'un au chef-lieu de la commune et l'autre à Oued Aïssi. Les quatre revendeurs de bois, la soixantaine de menuisiers et artisans ébénistes et les deux fabricants de produits de luxe (fauteuils) de la région, veulent sortir leur activité de son marasme, convaincus des grandes opportunités de développement de leur métier, malgré la concurrence. Pour ne pas mettre la clé sous le paillasson, il leur faut une valorisation des techniques de production et des moyens plus importants, mais sans l'aide de l'Etat, cela ne sera pas facile.