Après avoir parcouru la route sinueuse bordée de vieux sapins, on atteint les hauteurs du lieu appelé encore par les Birkhadémois « Clos Saint- Jean ». On débouche sur le Centre spécialisé de rééducation (CSR). L'établissement, dont la réalisation remonte au début de la période coloniale, persifle le visiteur en lui dissimulant son secret que seuls les deux arbres centenaires, qui s'élèvent majestueusememt dans la cour, semblent connaître. Une part de ce secret est certainement tenue par des maisons séculaires jouxtant l'édifice. Certains documents consultés attestent que le centre fut initialement un établissement pénitencier. Un plan élaboré en 1896, mais jalousement gardé par la direction, en fournit la preuve irréfutable. « Plan de novembre 1896 : ancien pénitencier de Birkadem », lit-on sur le document conservé. Cette preuve est encore consolidée par des dossiers retrouvés au service des archives. « Ce n'est que par la suite que ce pénitencier fut transformé en établissement chargé du redressement des mineurs délinquants », a mentionné l'actuel directeur du centre, Sid Atmane. Comme pour nous le faire prouver, l'administrateur nous accorde une visite guidée au service des archives, tenu par un jeune archiviste, assisté par une dame. Tous les deux y sont à pied d'œuvre pour récupérer les dossiers depuis 1930 jusqu'à 1983. « Nous avons classé les dossiers récupérés par année. Pour le moment, nous élaborons le fichier qui nous permettra de dégager une statistique et d'informatiser par la suite, toutes les données », a précisé l'archiviste du centre. L'établissement est composé d'un bloc administratif qui garde ses vieux meubles et sa petite bibliothèque où trônent encore d'anciens manuels scolaires évoquant le griffonnage de la plume de marque « sergent Major ». L'autre partie est constituée d'un ensemble de salles disposé en forme de « U ». Des barreaux de fer sont solidement appliqués aux fenêtres. « Le centre était, depuis la période coloniale, doté d'ateliers de menuiserie, de soudure et autres », apprend-on encore auprès du directeur. D'après lui, le pénitencier fonctionnait déjà en 1889. Il a été récupéré en 1962 et mis sous tutelle du ministère de la Justice. En 1963, il dépendait du ministère de la Jeunesse. En 1981, il passe sous tutelle du secrétariat d'Etat aux Affaires sociales. « L'établissement a acquis le statut de centre spécialisé de rééducation sur ordonnance 75-64, en date du 26 septembre 1975. L'arrêté ministériel 26-87 du 1 décembre 1987 a délimité sa fonction comme centre d'accueil des délinquants dont l'âge est de 14 à 18 ans », a indiqué le même gestionnaire. La structure fut, en 1994, transformée par arrêté 481 du 26 mars 1994 émanant du gouvernorat du Grand-Alger, en centre d'accueil et d'orientation des sans domiciles fixes repêchés sur la voies publique. L'objectif est de leur procurer des soins médicaux et une assistance psychologique avant de les orienter vers les centres de leurs wilayas d'origine. « La période étalée entre 2001 et 2007 est celle de la préparation et de la restauration. Des travaux y ont été engagés pour redonner à cette structure sa vocation initiale de centre spécialisé de rééducation susceptible d'accueillir les délinquants mineurs et de favoriser leur réinsertion au sein de la société », a précisé également Sid Atmane.Au demeurant, le ministère de la Solidarité nationale dispose d'une expérience appréciable sur le terrain. Mais en récupérant un tel patrimoine, il pourra, avec le concours des professionnels, arracher de milliers de jeunes à la délinquance et assurer, par la suite, leur réinsertion. Un défit à lancer à certains ineptes qui ont condamné, au préalable, ces jeunes fragilisés par les circonstances.