Ce qui était à craindre, à savoir la transformation du littoral algérien en lieu de passage vers la côte espagnole, vient de se produire. Aïn Témouchent. De notre correspondant En effet, les six premiers harraga partant des côtes algériennes sont égyptiens et non subsahariens, comme on le supputait. Ces émigrants clandestins, légalement entrés en Algérie, ont été surpris à Beni Saf en compagnie d'un Algérien alors qu'ils s'apprêtaient à embarquer sur un zodiac à partir de la plage du Puits. C'est avant-hier qu'ils ont été arrêtés vers 22h par des policiers affectés à la sécurisation des plages depuis l'ouverture de la saison estivale. L'information n'a pas encore été divulguée par les services de sécurité, mais selon certaines sources, les sept individus avaient pris le départ de Ghazaouet, le mauvais temps qui sévissait en mer les ayant obligés à dériver vers Beni Saf. Pour d'aucuns, cette affaire révèle que le temps des passeurs et des réseaux occasionnels est en phase d'être franchi. Le niveau de la criminalité en matière d'émigration clandestine est en train de se mettre en place. L'on est plus aux trois premières années du phénomène où des harraga cotisaient pour l'achat d'une barque équipée d'un moteur ainsi que le paiement d'un marin pêcheur qui, le temps d'une traversée, se transforme en passeur. L'on n'est pas non plus à celui du bouche à oreille, celui d'un ami ou un parent qui a fait la traversée et qui oriente les candidats à l'émigration vers telle personne ou tel endroit. De la sorte, on s'attend à ce que, cet été, la chasse aux harraga mobilise encore les services de sécurité. Ils sont déjà à pied d'œuvre, puisque hier cinq Oranais ont été arrêtés alors qu'ils s'apprêtaient à partir de Bouzedjar, un sardinier ayant alerté les garde-côtes sur leur présence en mer. Pour rappel, depuis le début de l'année, deux autres affaires de harraga ont été enregistrées. En effet, les gendarmes ont arrêté un groupe de huit personnes originaires de diverses régions du pays (Sidi Bel Abbès, Khenchela et Bordj Bou Arréridj) en partance de Bouzedjar, puis six autres à El Amria qui préparaient une expédition en direction des côtes ibériques.