Mohamed Remmani est ingénieur en géographie, option « aménagement urbain et régional ». Il effectue des recherches sur la dynamique urbaine et péri-urbanisation à Tlemcen. Vous semblez très déçu de l'urbanisation de nos villes, même si c'est un sentiment partagé par une grande majorité ?! Et comment ne pas l'être devant tout ce gâchis urbanistique ? Vous savez, l'urbanisation est un défi qui se pose à tous les pays, mais ce que nous remarquons aujourd'hui, c'est cette tendance vers la rurbanisation de la ville, on le voit d'ailleurs en se faufilant dans nos quartiers, pour parler précisément de notre wilaya, et là, nous trouvons des fermes à proximité des villas de haut standing. Quant à Tlemcen, je dirais qu'elle a connu son véritable urbanisme au moyen âge, parce que la Médina jouait son rôle, elle assurait le bien-être de ses occupants… Justement, parlons de la Médina ! Ben, on avait quelque chose à sauvegarder à Tlemcen, malheureusement, on ne la pas fait. Aujourd'hui, on demeure impuissant devant son inquiétante dégradation. Et c'est toute l'histoire urbaine, des différentes dynasties qui se sont succédées, qui disparaît petit à petit. C'est aux pouvoirs publics, en concertation avec les spécialistes, de protéger et de sauvegarder cette richesse. Enfin, de façon générale, que doit-on faire pour sauver notre urbanisme ? Il faut simplement respecter les instruments de l'urbanisme, entre autres, le PDAU et le POS qui sont réalisés par des experts. Parce que, et c'est une règle connue, pour un urbanisme sain, il faut une harmonie et une harmonisation de tous les facteurs qui concourent à la composition d'une ville. Enfin, et c'est un constat, l'urbanisme et l'urbanisation dans toutes les villes d'Algérie reflètent les mêmes méandres de la situation sociale, politique et économique de l'Etat. Aujourd'hui, nous constatons un semblant d'amélioration, et pour rester optimiste à la fin, je dirais que c'est de bon augure.