Avec l'arrivée bruyante des émigrés et le retour de la canicule, la ville qui s'enorgueillit il n'y a pas si longtemps d'être la cité la plus propre de l'Ouest, subit de plein fouet la totale désorganisation du ramassage des ordures ménagères. Alors que tout allait normalement et que les principales artères étaient parfaitement nettoyées, un petit grain de sable aura totalement désarçonné le service. Dans le « Paris s'éveille », gros succès des années soixante, Jacques Lanzmann, le poète, fait dire à jacques Dutronc, le chanteur, les délices de l'aube dans la plus belle ville du monde, où les métiers les plus nobles sont assurés par des anonymes. Un bel hommage aux boulangers mais également aux éboueurs, cette faune du clair obscur sans laquelle la ville lumière ne serait que détritus. Si bien qu'avant tout le monde, ce sont ces braves ouvriers qui donnent autant d'éclat à la cité. Pour éviter toute méprise, Paris est la ville où un certains préfet Poubelle, au 19ème siècle, balbutiant, inventa l'objet éponyme qui le consacrera à travers le monde. La poubelle sans laquelle la notion même d'urbanité n'aurait absolument aucun sens. Ensuite, il y eut le sachet poubelle, une forme nouvelle de dépravation puisque l'on se rendra rapidement compte qu'il nuisait à l'environnement, surtout lorsqu'il se drape de noir. La couleur des ténèbres et du vice. Ici même, sous le règne du socialisme spécifique, le ramassage des ordures ménagères était confié aux mairies, qui s'en tirèrent non sans mal, jusqu'au jour où le maire deviendra P/APC. Ce qui donnera le tournis à nos braves éboueurs de Douar Amarna, qui ont le privilège d'habiter à deux pas de la décharge. Très pratique pour être opérationnel H24. Avec le libéralisme conquérant, le ramassage sera privatisé. L'horloge de la mairie en est encore déboussolée. Les éboueurs qui habitent toujours au douar Amarna semblent totalement consternés. Le nettoyage de la ville en sera perturbé. Les paisibles et rares citoyens qui avaient pris l'habitude de sortir leurs sachets aux premières lueurs de l'aube, constatent les dégâts en rentrant chez eux. A l'heure du crépuscule, les poubelles sont encore là ! Mais complètement éventrées par les chats. De grâce, messieurs de l'APC, réglez l'horloge de la mairie et fixez l'heure de passage aux éboueurs. Eux savent comment faire. Ce qui n'est pas le cas de tous le monde. Car, il n'est pas concevable qu'au moment où sa population quadruple, Mostaganem s'abandonne aux vieux démons.