Ferme s'est montré hier Noureddine Yazid Zerhouni sur la question relative à un probable retour des anciens du FIS et de l'AIS à l'activité politique. Le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales a vivement exclu la création d'une formation politique par des membres de l'AIS ou autres structures politiques dissoutes, accusant dans le sillage certains journaux – sans citer leur nom – d'avoir maladroitement repris ses dernières déclarations relatives à ce sujet, faites samedi à l'APN. La loi générale sur les partis, la loi sur la concorde civile et la charte pour la paix et la réconciliation nationale sont très claires là-dessus. Je cite notamment l'article 26 de la charte qui interdit l'utilisation de l'Islam et de la religion en général à des fins politiques », répond-il devant un parterre de journalistes ayant suivi la visite du président Bouteflika dans la wilaya de Jijel. Pour lui, il n'a jamais été question de laisser les membres du FIS dissous et tous les autres ayant participé à la crise des années 1990 de faire de la politique sous n'importe quel label. M. Zerhouni est allé jusqu'à rappeler ses déclarations de 2001 relatives au même sujet : « Je tiens à rappeler à ceux qui doutent encore que j'ai dit en 2000-2001 que je ne serai pas celui qui signera l'acte de la réhabilitation du parti dissous. Vous me connaissez assez. Je dis ce que je fais et je fais ce que je dis. » Le ministre se demande même si les Algériens, en premier lieu les victimes du terrorisme, peuvent voter pour « ces personnes-là ». Certainement pas, suggère M. Zerhouni avant d'ajouter qu'« il ne faudra pas que ces gens-là oublient que la plaie est encore béante ». Le ministre de l'Intérieur a également tenu à apporter des précisions par rapport à ce qui s'est écrit sur l'opération menée par son département ministériel envers les abstentionnistes aux élections législatives du 17 mai dernier. Là aussi, M. Zerhouni fait porter le chapeau à « certains journalistes » qui auraient, selon ses termes, déformé ses déclarations. « Quelques-uns (des journalistes) se plaisent par incompétence ou volontairement à me faire dire ce que je n'ai pas dit », lâche-t-il d'emblée. Et d'ajouter : « L'opération de mise à jour des listes électorales est des plus saines, transparente et honnête. Nous avons envoyé des lettres aux électeurs n'ayant pas voté lors des législatives du 17 mai pour savoir si leur abstention est politique ou seulement pour des raisons techniques. » Selon lui, le ministère ne fait pas d'interrogatoires aux électeurs pour connaître les raisons politiques – s'il y en a – les ayant poussés à ne pas répondre à l'appel des urnes. « Nous voulons juste vérifier si ces personnes-là résident toujours dans le même endroit ou si elles ont changé de résidence tout en oubliant d'effectuer le changement d'adresse. C'est notre devoir et notre responsabilité », souligne-t-il, indiquant qu'en 2007 près de 700 000 familles ont bel et bien changé d'adresse. M. Zerhouni précise que son département n'a jamais demandé aux citoyens pourquoi ils n'ont pas voté. « Nous ne comptons pas le faire », tonne-t-il. Le ministre dit suspecter un brin de manipulation de la part des journalistes, avouant avoir constaté une certaine « légèreté » de la part des gens ayant commenté cette opération. Revenant au volet sécuritaire, le ministre de l'Intérieur qualifie de « très positive » l'opération de ratissage effectuée dans les montagnes avoisinant la région de Yakouren (wilaya de Tizi Ouzou). Sans donner de bilan chiffré, M. Zerhouni dit que cette opération a permis de réduire la nocivité des terroristes qui s'accrochent encore au maquis. Abordant la question relative au sort des GLD ou les groupes d'autodéfense ayant beaucoup contribué dans la défaite militaire du terrorisme, M. Zerhouni dira que « ni la République ni la nation ne les abandonneront ». Il rassure dans ce contexte que les GLD ou ce qui reste de ces groupes vont être intégrés dans le corps de la police communale. Revenant sur le développement local, M. Zerhouni a fait état de la nette avancée de la wilaya de Jijel dans les différents secteurs. Ainsi, d'après lui, Jijel est au-dessus de la moyenne nationale dans le raccordement au gaz et à l'électricité et également en matière de couverture médicale par habitant. Tout en rappelant le montant du budget d'équipements consacré à cette wilaya depuis 1999 qui s'élève à 91 milliards de dinars, le ministre de l'Intérieur annonce l'octroi d'une rallonge budgétaire de 10 milliards de dinars. Ce budget supplémentaire servira, d'après lui, à la prise en charge financière de l'ensemble des projets de développement multisectoriels nécessitant un surcroît de crédits. Ces projets, précise M. Zerhouni, sont intimement liés à la vie quotidienne des Jijéliens. Une grande partie sera consacrée au secteur de la jeunesse et des sports.