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La question de l'éthique et du savoir ou science sans sujet
Publié dans El Watan le 22 - 09 - 2007

Nous savons, de par son principe, que la science à valeur démonstrative, c'est-à-dire que ce qui caractérise sa fiabilité, c'est sa notion du fait vérifiable par tous.
Ce principe a très vite précipité les adeptes de l'évolutionnisme scientifique dans une culture de contre-variabilité ou de contresens, même à l'égard ou vis-à-vis d'une expérience qui ne pouvait se fonder dans l'immédiateté de sa probité par tous. ce qui se qualifie, par ailleurs, d'un certain scientisme, prônant son efficacité immédiate, utile, et dont la qualité du sens se vérifie notamment à partir d'une donnée circonstancielle. Le fait de sa relativité ne communique pas toujours, hélas, de sa réfutabilité ni de son interchangeabilité. Cette réflexion n'est pas simplement guidée par une vision anthropologique de la connaissance qui peut probablement se justifier, mais s'oppose bien évidemment au principe de science, sans principe de conscience. En cela, il ne peut échapper encore que la vision européannocentriste a, elle-même, conçu et développé la dimension de l'universalité actuelle, cela dans divers domaines. Le projet scientifique lui-même a des caractéristiques géocentriques, civilisationnelles qu'il supporte à travers une valeur déjouant tout facteur de connaissance posé en alternance, élucidé en dimension régressive, donc en opposition absolue, ce qui conforte toute la notion de l'universalité. L'occultation réside dans le fait du refus d'intégrer tout élément de conscience pour une participation réelle, active et permanente du phénomène de l'empirisation de la connaissance, à partir d'une donnée restreinte, locale au phénomène de l'universalité. C'est, me semble-t-il, à partir de cette prise de conscience du savoir, dans son empirisation, qui fait encore objet de l'évolution du savoir et du phénomène de l'idée de la connaissance. Sans quoi, celle-ci restera confinée ou piégée par l'idéologie, lorsqu'elle conserve sa réputation culturelle et civilisationnelle sublimée, ou tantôt se voit canalisée par les recours techniques exclusifs qui l'amputent de sa dimension philosophique de sens, et donc la coupe de sa réalité. Edgar Morin nous dit, à propos des sciences, que « les sciences humaines n'ont pas conscience des caractères physiques et biologiques des phénomènes humains. Les sciences naturelles n'ont pas conscience de leur inscription dans une culture, une société, une histoire ». Selon lui, « une science privée de réflexion et une philosophie purement spéculative sont insuffisantes, conscience sans science et science sans conscience sont mutilées et mutilantes ».Tout cela, pour rappeler la priorité de la dimension de sens qui est posée en disqualification, aujourd'hui, par rapport à l'essor, et l'interprétation du phénomène transcendantal et religieux, combattu depuis quelques siècles par la rationalité (siècle des lumières). Cette analyse, suffisamment schématique, nous conduit à l'objectif de la science, sans son sujet, et qui interpelle davantage nos sociétés de culture arabo-musulmane dans leur dépendance du savoir. A ce propos, l'auteur Malek Bennabi dit que « l'Occident vend le produit de sa culture qu'il considère comme marchandable, mais jamais l'âme de sa civilisation ». Il fait, bien sûr, référence à l'esprit qui sous-tend la civilisation. Cela dit, on s'est souvent mépris de la réticence des pays initiateurs du savoir, quant à sa communication.« La science humaine est causée par son objet, la science divine est cause de son objet », disait Ibn Roshd. La similitude entre philosophie et religion a été toujours le cheminement des penseurs qui ont vu en valeur fondatrice, la dimension de sens et de vérité. Cet héritage grec, hellénisant la pensée musulmane d'une époque, conforte l'idée qui traduisait le dicton célèbre que « la philosophie est mère des sciences ». La question du principe de la rationalité interprétant le phénomène religieux en Islam d'alors, par le mouvement des mutazilites, a eu pour effet de distinguer, en premier ressort, la science conduite par la raison et actionnée par l'homme, et la connaissance divine réduite à l'essence. Selon eux, Dieu est connaisseur par essence et non par science. La philosophie, en tant que discipline cloîtrée, durant l'époque musulmane prospère, et en tant que source d'inspiration des sciences, s'est diluée dans les disciplines religieuses qui l'ont sapée de ses principes vérificateurs rationnels. La science, depuis lors introduite par l'Occident qui l'a expérimentée et développée à partir des initiations musulmanes, s'est traduite dans un schéma de constructivisme, en rapport à la grande révolution positiviste d'Auguste Conte et des lumières. Elle sera implantée au sein du tiers-monde et de notre lieu évidemment, sans esprit de réforme du sujet au plan social, injectée alors comme contre-valeur ou inspirée par des schémas du vrai et du faux, et dont la colonisation a bien profité dans son histoire. L'effort entrepris par nos populations, tout en restant fort louable, dans l'intégration des sciences et savoir, n'introduit-il pas, in vivo, la réflexion d'une éthique dans le cas où le sujet s'impose en tant que valeur et, avec lui, toute la réflexion sur la dimension scientifique ? Les bouleversements idéologiques et sociaux de toute obédience à l'échelle planétaire présument, en effet, de la problématique d'une reconsidération du sujet dans sa forme individuelle, au sein du corps social. Aussi, l'essor technologique dans son assimilation, plutôt graphique, permet-il de déduire d'une réalité scientifique au sein de notre société ? L'auteur est : Inspecteur du travail (Sétif)

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