Les Israéliens sont en train de vider de son contenu la conférence internationale sur le Proche-Orient voulue par le président américain George Bush, ou encore de lui donner un sens, celui qu'ils entendent imposer. C'est-à-dire une réunion sans objet dont on ne retiendra que l'effet médiatique. D'ailleurs, tout le monde semble traîner les pieds et surtout éviter d'afficher le moindre optimisme. C'est dans ce contexte que le président palestinien Mahmoud Abbas s'est entretenu hier avec la secrétaire d'Etat américaine, Condoleezza Rice, venue inciter Palestiniens et Israéliens à entrer dans le vif du sujet avant la réunion en question prévue en novembre. Mme Rice, qui effectue sa septième visite dans la région depuis le début de l'année, tente de convaincre Israéliens et Palestiniens de combler le fossé qui les sépare sur les principaux dossiers de leur conflit vieux de six décennies, en prévision d'une réunion très attendue sur la question que les Etats-Unis vont accueillir en novembre. « C'est une visite importante et elle sera suivie par d'autres avant la tenue de la réunion internationale », a déclaré le négociateur palestinien Saëb Erakat. « Nous devons jeter les bases d'un accord avant de participer à la réunion et j'entends par cela parvenir à un doucement conjoint », sur les grandes lignes d'un règlement, a ajouté M. Erakat. « Il faut assurer la réussite de cette réunion car la crédibilité des Etats-Unis et de la communauté internationale est en jeu », a pour sa part déclaré le porte-parole de la présidence palestinienne, Nabil Abou Roudeina. Un haut responsable du département d'Etat a indiqué dimanche que négociateurs israéliens et palestiniens allaient aborder hier les questions de fond en vue de l'élaboration d'un document conjoint. « Le vrai travail pour passer d'une conversation entre les deux dirigeants et des réunions au sommet à deux groupes de travail expérimentés et sophistiqués va maintenant commencer », a déclaré à la presse ce haut responsable ayant requis l'anonymat. Il a laissé entendre que Mme Rice s'impliquerait davantage dans les négociations d'ici la réunion internationale. « Je suis convaincu que cela va exiger beaucoup de travail diplomatique de la part des Etats-Unis », a-t-il indiqué. « Ce sont vraiment des questions difficiles ». En entamant sa tournée, Mme Rice a appelé les Israéliens à s'abstenir « d'éroder la confiance » des Palestiniens, se démarquant de la récente décision israélienne de confisquer des terres palestiniennes près d'El Qods. Elle a prévenu qu'il ne fallait pas s'attendre à une « percée » sur le document commun qu'Israéliens et Palestiniens tentent d'élaborer pour le présenter lors de la réunion internationale. « Je n'attends pas (de ces entretiens) une issue particulière sous la forme d'une percée sur le document », a-t-elle dit. « Comme on peut s'y attendre, il y a encore des problèmes et des divergences à réduire, sur la nature et le contenu de ce document », a-t-elle reconnu. Le Premier ministre israélien, Ehud Olmert, qui s'est entretenu dimanche avec Mme Rice, s'est lui aussi efforcé de tempérer les espoirs suscités par la réunion internationale, affirmant que l'élaboration d'une « déclaration commune » n'était pas une condition préalable à sa tenue. Il a, par ailleurs, écarté les appels des Palestiniens à fixer un calendrier précis des pourparlers qui devraient s'engager dans la foulée de la réunion internationale. « Je crois qu'un tel calendrier poserait des problèmes plutôt que d'en résoudre (...). Nous souhaitons vivement que les éléments constituant la base de la déclaration commune soient approuvés par les Palestiniens et la partie israélienne et que des discussions s'ensuivent sur la création d'un Etat palestinien », a-t-il dit. Après avoir rencontré Condoleezza Rice, le ministre israélien de la Défense Ehoud Barak a publié un communiqué soulignant que la liberté de mouvement de Tsahal en Cisjordanie était « un principe fondamental qui doit être exigé également dans l'avenir ». C'est donc le ministre palestinien des Affaires étrangères qui tire la conclusion de ce ballet diplomatique. « Olmert veut une conférence des relations publiques et qui permettra la normalisation avec les pays arabes. Nous ne l'aiderons pas à cela », a ainsi déclaré Riad Malki. Mme Rice promet par contre une « conférence sérieuse et substantielle »