Les causes du décès du désormais ex-dirigeant palestinien ne sont toujours pas connues. Le service de santé français, qui avait pris en charge Yasser Arafat, ainsi que les responsables palestiniens et la famille du président de l'Autorité palestinienne ne se sont pas montrés prolixes concernant le mal qui a emporté Abou Amar. On a évoqué tour à tour les hypothèses d'un cancer, d'une leucémie, voire d'un empoisonnement. Des conjectures vite démenties par son entourage. Arafat, 75 ans, est d'abord hospitalisé dans une unité d'hématologie (où on traite les infections du sang et des organes hématopoïétiques) avant son transfert, cinq jours plus tard, le 3 novembre, dans un service de soins intensifs, son état s'étant subitement aggravé. Officiellement, le leader palestinien a été hospitalisé pour des complications d'une grippe intestinale. La « grippe intestinale » a déjà été évoquée par le passé pour expliquer des ennuis de santé du président de l'Autorité palestinienne, notamment en 2003, alors qu'un journal britannique affirmait que le dirigeant palestinien avait été victime d'une attaque cardiaque bénigne. Les communiqués officiels rapportaient que Yasser Arafat avait été hospitalisé le 29 octobre dernier pour « une importante altération de l'état général et des anomalies sanguines ». Le médecin-général Christian Estripeau, du service de santé des armées françaises, qui a annoncé le décès de l'ancien chef de guerre, a refusé de donner toute indication concernant les raisons de la mort de Yasser Arafat se contentant de souligner qu'« il ne revient pas au service de santé des armées de révéler des faits qui sont délivrés à la famille », entretenant davantage le mystère. Le décès de la figure de proue de la résistance palestinienne devient encore plus énigmatique avec les déclarations de son médecin personnel, le Jordanien Achraf Al Kurdi, qui a réclamé jeudi dernier « une enquête officielle sur les causes de la mort » du dirigeant palestinien et une autopsie, dans une intervention sur la chaîne Al Djazira du Qatar, afin que le peuple palestinien soit informé « en toute transparence » sur les causes de la mort de son dirigeant. M. Al Kurdi, médecin personnel de Arafat durant plus de vingt ans, n'a pas hésité à exprimer des soupçons sur les causes du décès de son célèbre patient. Un sentiment de suspicion exacerbé par l'absence de toute information sur les développements de son état de santé après son hospitalisation à Paris le 29 octobre, et d'autant qu'il était conscient avant son départ de Ramallah en Cisjordanie, soutient-il. Il a même mis en cause le comportement des « membres du bureau de Arafat » qu'il a qualifié de surprenant dès lors qu'ils ont beaucoup tardé à solliciter son assistance, alors que l'état de santé du dirigeant palestinien se détériorait. « Il y a quelque chose qui ne va pas quelque part », a-t-il ajouté. Khaled Mechaâl, chef du bureau politique du mouvement islamiste Hamas, de son côté, a pointé un doigt accusateur vers Israël qui aurait « empoisonné » Arafat. Dans un tel contexte, seule la famille de Yasser Arafat, notamment sa veuve Souha, 41 ans, pourrait éclairer le peuple palestinien et l'opinion internationale sur les causes réelles du décès du raïs.