En raison des convoitises que suscite la place Ifri, sise au cœur de la ville de Béjaïa, les commerçants, délocalisés pour y ériger, initialement un centre commercial, slaloment, d'un site à un autre et sombrent inexorablement dans la précarité. Ballottés d'une place à une autre, ils comptent livrer bataille car le risque de rejoindre le rang des chômeurs, des compressés et des laissés-pour-compte, est grand. Comment ces « commerçants précaires » sont-ils tombés dans le dénuement le plus total alors qu'ils avaient un statut plutôt envié ? Tout a commencé lorsque les membres de l'APC de Béjaïa (mandature 2002-2005) avaient décidé de procéder à l'aménagement de la place Ifri et d'y ériger un centre commercial. Pour ce faire, les marchands ont été affectés, en remplacement de leur stand, au premier étage du marché d'Ihaddaden. Et ils étaient tenus de libérer les lieux dans un délai de 15 jours. Le président de l'APC d'alors, M. Rachid Chabati, avait indiqué dans une correspondance que « dès la réalisation du projet et lors de l'attribution des futurs locaux commerciaux », les cas des cinquante commerçants allaient être traités « en priorité dans le cadre de l'éventuelle acquisition ou location de ces nouveaux espaces ». Les commerçants, qui ont, entre-temps, installé leurs stands au niveau du stade scolaire, ont refusé de quitter les lieux sans une promesse ferme du président d'APC. Ce dernier s'est alors engagé par écrit à leur affecter des locaux commerciaux au niveau du futur centre commercial. Cependant, leur installation au marché d'Ihaddaden s'est révélée infructueuse. Et pour cause, les nombreux clients du marché ont hésité paradoxalement à monter les marches pour accéder à l'étage supérieur où attendent désespérément seuls les anciens locataires de la place Ifri. Les commerçants ont engagé un bras de fer avec les élus, issus des élections partielles de 2005, qui a tourné en leur faveur. Le nouveau président d'APC, Abdelhafid Bouauoudia, autorisera les marchands à placer leurs stands tout le long du boulevard de la gare où s'organisaient jadis les foires. Mais les services de la wilaya s'y sont opposés. Le président d'APC récidive en donnant son accord pour que les commerçants regagnent la place Ifri mais à titre précaire et révocable. Les services de la wilaya se sont de nouveau opposés. Les commerçants, fortement soutenus par l'Union générale des commerçants et des artisans (UGCA), soupçonnent les « marchands de l'immobilier » d'être les instigateurs de leur infortune. Et depuis les coups d'éclat de l'ancien maire, c'est le silence radio. La nouvelle assemblée aura fort à faire avec ce dossier d'autant que les commerçants, même sans le sou, entendent reprendre leur place ; l'assemblée générale est prévue dans les prochains jours.