L'Etat est contraint d'encourager le développement d'Internet qui est devenu incontournable. Toute mesure coercitive intervenant contre la liberté d'expression sur la toile du net s'installera comme un barrage fixant toutes les bonnes volontés, ont déclaré plusieurs intervenants en marge du séminaire international de lutte contre la cybercriminalité. La question d'Internet reste paradoxale et se pose entermes du célèbre paradoxe de l'âne de Buridan : faut-il s'ouvrir à Internet et le généraliser à toutes les institutions de l'Etat, à risques et périls ? ou faut-il en avoir peur et prôner la tyrannie du statu quo et le renfermement? De prime abord, il faut diagnostiquer les risques, mettre les balises techniques et juridiques et, enfin, conjuguer ces résultats pour donner plus de protection et de liberté aux institutions et aux internautes algériens. En d'autres termes, plus de prévention et de protection pour plus de liberté. Seule cette approche peut conduire à une évolution de l'Internet dans notre pays, relève-t-on. Dans cette optique, ce séminaire international porte justement sur l'identification des risques de la criminalité informatique sur la sécurité nationale et des personnes : pornographie infantile, racisme, apologie du terrorisme, incitation à la consommation des drogues, usurpation d'identité… Djamel Bouzertini, le directeur général du centre de recherche juridique et judiciaire (CRJJ), a expliqué, à ce sujet, que tout plan de prévention des aléas et des risques de l'Internet a pour but la protection de l'institution et les internautes contre ce fléau, ajoutant que «l'idée est de ne pas fermer ou interdire l'accès à Internet mais, plutôt, de l'encourager dans la mesure». Pour une assise juridico-légale En attendant l'installation d'un organe pour lutter contre la cybercriminalité, annoncée hier, le législateur algérien doit combler les failles juridiques du «code pénal » dans ce domaine. «Un organe spécialisé et opérationnel de lutte contre la cybercriminalité sera prochainement mis en place, dès que le texte réglementaire de lutte contre ce fléau, en voie de finalisation, verra le jour sous forme de décret», a déclaré le même responsable, Djamel Bouzerti. Cet organe dont les contours ne sont pas encore précis sera, a priori, installé dès qu'une assise juridique sera établie pour étayer les décisions y émanant. A cet effet, le directeur du CRJJ a ajouté que cette loi «mettra un certain temps pour qu'elle puisse s'intégrer dans le paysage législatif et judiciaire», précisant, dans cette optique, que «le rôle du CRJJ et de faire la promotion des nouvelles lois, à l'instar de celle se rapportant à la lutte contre la cybercriminalité». Cet organe réunira une centaine de magistrats ainsi que des officiers de police judiciaire spécialisés dans la cybercriminalité, a-t-on également appris. Selon Djamel Bouzerti a indiqué que l'Algérie va se sustenter des expériences des pays développés, à l'instar des Etats-Unis, du Royaume-Uni et de la France, pour asseoir son assise juridique dans le domaine. «Le CRJJ vise la réalisation d'une approche législative et opérationnelle entre l'Algérie et les pays ayant une grande expérience dans la cybercriminalité, à l'instar de La police judiciaire et la gendarmerie nationale possèdant déjà des équipes de cyberenquêteurs qui ont bénéficié de formation de haute qualité à l'étranger », a déclaré le même responsable. Et d'ajouter que «cinquante magistrats ont reçu aussi une formation dans ce domaine en France et en Belgique». Les interventions se sont également focalisées sur la définition du plan de la prévention. Le mot d'ordre : il faut élaborer un dispositif législatif doté de mesures et règles de fond, tant en droit civil que pénal. «Ce dispositif existe en Algérie, mais il ne peut être efficace que s'il est accompagné d'une politique de formation des acteurs de la lutte (agents de sécurité chargés des enquêtes dans le cyberespace et les magistrats en charge des poursuites et des jugements). Le personnel chargé de la lutte doit être doté aussi de matériel performant», ont annoncé plusieurs intervenants. Dans la foulée de ces recommandations, il faut maintenir constamment l'information et la sensibilisation des utilisateurs (institutions ou particuliers) sur les risques de la cybercriminalité à tous les niveaux, en commençant par les écoles. Pour un monde global, il faut une lutte globale Djamel Bouzertini a souhaité que les Etats renforcent la coopération internationale de manière continue. C'est d'ailleurs, l'un des principaux axes du plan algérien qui veut, par l'intermédiaire de la diplomatie, trouver les mécanismes d'une synergie entre les Gouvernements. Ce plan algérien de lutte contre la cybercriminalité qui se veut global est axé sur trois fondements : techniques, sécuritaires et judiciaires. In fine, séminaire international, de deux jours, sur la lutte contre la cybercriminalité a pour objectif de mettre en place une coordination entre les différentes institutions concernées et permettre une utilisation sécurisée de l'Internet par l'enseignement des techniques performantes d'enquête. La rencontre, qui réunit des experts américains, français et britanniques ainsi qu'un représentant d'Interpol, porte aussi sur.