A la question : Qu'écoutez-vous ? Les réponses fusent et divergent. Pas d'unanimité mais des tendances se dégagent. Numéro 1 dans les cœurs, le raï reste une valeur sûre chez les disquaires. Parmi les indétrônables, on retrouve Redouane, Réda Taliani, Hassen, Abbas ou encore Kader Japoni. Parmi les sorties 2008, il faut noter, celle du live 2008 de Houari Dauphin et Hada Houwa hak el Khir de Hasni Sghir. Les chanteurs anglophones ont aussi leurs fans, les meilleures ventes sont attribuées à la nouvelle génération Rn'B qui a su rivaliser avec les stars du rap : Akon, Justin Timberlake et Rihanna occupent aujourd'hui les meilleures places des hits. Après avoir produit les plus grands artistes comme P. Diddy, 50 cents, Madonna ou Björk, l'Américain Timbaland a sorti son premier album intitulé Shock Value : succès immédiat. Le Rn'B toujours avec Sherifa Luna, la gagnante de l'édition 2007 de Popstars, a créé la surprise avec Quelque part, extrait de son premier album. Autre représentante de la chanson française, la belle Vitaa a su imposer un style entre Rn'B et Soul et a conquis le cœur des Algériens. Les DJ's sont également plébiscités par les jeunes : Bob Sinclar, David Guetta et David Vendetta attendu le 21 février à Alger, règnent en maîtres sur la scène électro algérienne. Côté pop-rock, la Canadienne Avril Lavigne a remporté un franc succès cette saison avec The Best Dawn Thing aux accents plus punk. Les goûts sont donc très éclectiques. Pour Hassan, passionné de musique, on ne peut pas parler de différence notoire entre jeunes et vieux « Ici, le Rn'B, le Pop ou le Raï touchent tous les âges. La population n'est pas classée en fonction de ce qu'elle écoute. La musique est surtout synonyme de fête ». Cependant, l'ancienne génération est très attachée à la musique chaâbi. Celui-ci se nourrit des plaintes ancestrales et de la nostalgie du pays, ce qui selon le musicien et joueur d'ukulélé, Cyril Lefebvre ,le rapproche du blues. Le favori du public, le discret Amar Ezzahi, reste un des maîtres incontestés du genre. Les succès de Kamel Messaoudi ou d'El Hachemi Guerouabi sont des incontournables et connaissent chaque année une incroyable renaissance. D'Alger à Tizi Ouzou en passant par Béjaïa, la musique kabyle s'écoute aussi bien lors des fêtes que tranquillement chez soi. Avec Tasertit sorti en juin 2007, le phénomène Alloua a enflammé les pistes de danses tout au long de l'année. Il fut talonné de près par Mourad Guerbas et son dernier opus Mazal Ixir arezdat, véritable invitation à la danse. Quant à Massi et Saïd Youssef, leurs ventes sont restées stables. La chanson kabyle engagée n'a pas brillé par ses nouveautés mais par ses valeurs sûres : Takfarinas avec Honneur aux dames, Aït Menguellet, Idir et sa France des couleurs. Enfin, le défunt Matoub est toujours autant apprécié. Petits protégés des Algérois, les chanteurs de la capitale marchent plutôt bien Karima Sghira, Toufik Aoune ou Radia Adda sont fortement demandés. Un style qui tranche avec ces musiques traditionnelles : la Tecktonik. Attendue en 2008, le style de danse ultrabranché, né en France, a traversé la Méditerranée, puisque la première soirée officielle hors Europe a été organisée au Pacha Club d'Alger en décembre dernier. Les compiles TCK devraient bientôt envahir le marché. Si l'Europe se débat avec le fléau du téléchargement illégal, les disquaires algériens subissent eux aussi ce phénomène. Les prix sont certes beaucoup moins élevés qu'à l'étranger mais depuis la naissance des sites de téléchargement et l'utilisation croissante d'Internet en Algérie, les ventes ont connu une baisse de 5 à 8%.