Aucun centime n'a été versé aux assureurs français, suite à la liquidation du contentieux sur les assurances entre l'Algérie et la France, selon le président de l'Union des assureurs et réassureurs algériens (UAR), Amara Latrous. La privatisation de compagnies d'assurances publiques n'est pas du tout à l'ordre du jour, affirme le même responsable. Vieux de plus de 40 ans, le contentieux algéro-français sur les assurances a enfin été liquidé, vendredi dernier, à la faveur de la convention signée à Paris par le ministre des Finances, Karim Djoudi, et son homologue française, Christine Lagarde. Selon les explications du président de l'Union des assureurs, grâce à cet accord, les entreprises d'assurances françaises ont renoncé officiellement à tous les actifs immobiliers qu'elles disaient « posséder » en Algérie, au profit des compagnies d'assurances algériennes. En contrepartie, ces dernières ont épongé le passif des indemnisations impayées par les assureurs français au titre de rentes et accidents de travail sur la période précédant la nationalisation de 1966. Ces indemnisations, qui concernaient des victimes algériennes, ont été assumées, convient-il de préciser, par les compagnies nationales en place et lieu de celles françaises. Ainsi, la compagnie nationale d'assurances SAA, par exemple, a payé en tout et pour tout un montant de 70 millions de dinars au profit des victimes algériennes concernées. En échange de l'assainissement de ce passif, la partie française a cédé à la SAA – selon les termes des responsables algériens – tous les biens immobiliers dont elle réclame la propriété en Algérie. En clair, à la faveur de la convention signée vendredi dernier, la partie algérienne a définitivement renoncé aux indemnisations impayées par les compagnies françaises, en contrepartie de quoi, ces dernières ont cédé officiellement leurs biens immobiliers en Algérie au profit des compagnies algériennes concernées et qui les occupent actuellement. Un accord jugé, somme toute, favorable aux compagnies algériennes, que sont la CAAR et la SAA, selon les dires de Amara Latrous. Ceci étant, au-delà des arrangements ainsi convenus, la liquidation du contentieux algéro-français sur les assurances induit des enjeux autrement plus importants pour le marché national, en ceci qu'il ouvre officiellement la porte aux assureurs français pour s'y implanter. Il faut savoir en effet que les textes de loi régissant l'activité d'assurance sur le marché local n'autorisent pas l'installation de compagnies étrangères ayant un passif en Algérie. Leur passif étant désormais épongé en vertu de l'accord signé vendredi dernier, les assureurs français concernés pourront désormais se réinstaller sur le marché algérien, convoité, du reste, au vu de son fort potentiel encore sous-exploité. Force est de souligner en effet que selon les données de l'UAR, le taux de pénétration de ce marché avoisine à peine les 1%. Aussi, de grands groupes français d'assurances, à l'exemple d'AXA et AGF, ont clairement affiché leur intention d'investir le marché algérien, selon M. Latrous. Interrogé sur les appréhensions de certains acteurs du marché local quant aux risques de voir les grands groupes français absorber carrément les compagnies nationales existantes – notamment celles privées –, le président de l'UAR affirmera que la privatisation des compagnies publiques n'est pas du tout à l'ordre du jour. « L'installation d'assureurs français, a-t-il ajouté, ne peut en aucun faire du mal aux compagnies exerçant actuellement, car celles-ci possèdent une expérience remarquable et un réseau important, de même qu'elles ont réussi à fidéliser une clientèle. » Et de conclure cependant que ceci n'exclut pas qu'« à terme, le marché va faire le tri ».