Encore des chiffres qui témoignent de la fragilité de l'économie nationale. Le volume des exportations algériennes vers l'Afrique n'a pu atteindre la barre de 1 milliard de dollars depuis l'année 2002. En termes d'échanges commerciaux avec les pays africains, l'Algérie n'a pu réaliser que 1,694 milliard de dollars, soit 1% seulement du volume global des échanges commerciaux de l'Algérie avec le reste de ses partenaires à travers le monde. Ce sont des chiffres qui ont été communiqués hier par le ministre du Commerce, El Hachemi Djaâboub, lors d'une journée d'étude consacrée à la promotion des exportations algériennes vers le continent noir. De 1,694 milliard de dollars d'échanges commerciaux avec les pays africains, l'Algérie n'a pu exporter depuis 2002 que 835 millions de dollars. Le comble, sur les 835 millions de dollars d'exportations durant la période 2002/2007, les hydrocarbures représentent une proportion de 90% de ce même volume. Après avoir tourné le dos pendant longtemps aux pays du continent noir, le gouvernement algérien semble vouloir reprendre du poil de la bête. M. Djaâboub et Abdelkader Messahel, respectivement ministre du Commerce, ministre chargé des Affaires africaine et maghrébine, ont laissé entendre hier qu'ils sont en négociations avec l'Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) pour aboutir éventuellement à la création d'une zone de libre-échange. Le Côte d'Ivoire demeure le premier fournisseur africain de l'Algérie avec 499 millions de dollars d'exportations. Vient ensuite l'Afrique du Sud avec un volume de 198 millions de dollars, le Nigeria (65 millions de dollars) et le Cameroun (34 millions de dollars). Quant aux principaux clients de notre pays, le ministre du Commerce a cité le Nigeria en première position, avec un volume de 50 millions de dollars d'exportations vers ce pays, l'Afrique du Sud (29 millions de dollars) et le Sénégal avec une proportion ne dépassant pas les 15 millions de dollars. Ces chiffres sont « en deçà des attentes de l'Algérie et de ses partenaires africains », commente le ministre du Commerce. Et pourtant, l'Algérie est l'un des pays qui ne cessaient de chanter ça et là la réussite, entre autres, du Nepad (Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique), l'un des mécanismes institués pour promouvoir la coopération entre les pays du continent noir. D'après M. Djaâboub, l'absence économique de l'Algérie dans les pays africains est due à la « méconnaissance de ce marché par les opérateurs algériens, mais aussi aux craintes affichées par ces derniers par rapport au contexte sécuritaire ». Cependant, M. Messahel intervient immédiatement afin de corriger un pas de danse raté par son collègue du gouvernement. Dans la foulée, il n'hésite pas de contredire M. Djaâboub et de préciser que les troubles politiques et le contexte sécuritaire ne doivent pas se poser comme entraves majeures. Selon lui, « la question qui doit se poser est celle de savoir si les capacités de l'entreprise algérienne sont en mesure de pénétrer le marché africain ». Les opérateurs économiques présents dans la salle ont dénoncé surtout les lourdeurs bureaucratiques, le manque de lignes de crédit destinées au financement de l'investissement algérien à l'étranger et la faiblesse des compagnies de transport. D'autres ont regretté l'absence de communication, les mesures d'accompagnement et l'activité jugée « peu utile » des ambassades algériennes établies dans les pays africains. Une question s'impose avec acuité : est-il possible de promouvoir les échanges commerciaux et les exportations vers les pays africains au moment où le projet d'une intégration régionale maghrébine traîne toujours lamentablement la patte ? Les échanges commerciaux entre les pays maghrébins ne dépassent pas les 3%, un chiffre très insignifiant par rapport au volume global des échanges des pays maghrébins avec le reste du monde.