La salle de conférences de l'institut d'architecture de Constantine s'est révélée trop exiguë pour contenir le public venu nombreux assister au séminaire international sur la « réhabilitation et la requalification du patrimoine bâti ». Organisatrice de ce dernier pour le compte du département d'architecture de Constantine, Badia Sahraoui nous dira : « Nous avons voulu enrichir nos connaissances en la matière à travers les expériences fort louables de nos voisins méditerranéens et portugais en créant un climat d'échange et de convivialité pour tous les métiers de la construction et de la réhabilitation du bâti. » Du 2 au 4 juin, s'entrechoqueront donc les outils et les démarches pour une osmose entre les études et les expériences des uns et des autres. Ainsi, des plénières regrouperont de grosses pointures en architecture, comme Sidi Boumediène, expert auprès de l'UEP, Abderahmane Khlifa, chercheur au CRASC, Nadir Boumaza, chercheur au CNRS, Zoulikha Boumaza, professeur à l'université, Jean-Pierre Frey, professeur d'universités, Ahmed Koumas de Toulouse, Nino Santos Pinheiro, université de Lisbonne, en plus d'éminents chercheurs marocains, tunisiens, égyptiens et italiens. Bref, un panel impressionnant de ce que la Méditerranée et le Portugal font de mieux dans la chose du patrimoine bâti. Ce séminaire ne s'est pas arrêté aux plénières, mais s'est aussi étendu à des ateliers où les mêmes compétences débattront des expériences différentes de par les pays, mais similaires par la volonté de léguer aux générations futures les jalons des ancêtres. En dehors de l'ambiance feutrée des amphis, les espaces de l'institut d'architecture ont accueilli des artisans locaux qui nous ont réconciliés avec des arts que l'on croyait révolus. Ces artisans ont, chacun à sa manière, essayé d'expliquer aux nombreux présents l'utilité d'un matériau naturel et noble au lieu et place des textures modernes souvent nocives pour la santé. On a eu le plaisir de redécouvrir des tuiles séculaires, du marbre étincelant, de la faïence chatoyante, des lustres en cuivre brillants, en plus du métier de la pierre de taille qui se refait une virginité grâce justement aux sciences de la réhabilitation et de la requalification. Au programme, des salons d'expérience ont été livrés aux initiés et aux curieux, et où plusieurs associations, comme celle des Amis du musée de Constantine, dévoileront les métiers de la médina et son patrimoine immatériel, ou Zohir Ballalou qui fera découvrir aux présents les trésors de la vallée du M'zab. Les expériences de Ghardaïa et du Maroc, pour ne citer que celles-là, feront l'objet de débats, ainsi que celles de Constantine, ses réhabilitations malheureuses, son plan master qui n'a pas encore livré tous ses secrets. Peut-être serait-ce l'occasion pour arrêter le massacre du patrimoine bâti d'une ville plusieurs fois millénaire.