Après avoir amorcé une amélioration qui avait tout l'air d'être durable, avec l'extension de ses capacités à mettre suffisamment de produit sur le marché pour répondre à la demande, la filière locale de production de lait a été contrainte de revoir ses ambitions à la baisse et songe déjà à opérer sa reconversion. En l'absence de l'organisme bancaire approprié (la CRMA) qui apporterait un soutien à cette activité en facilitant l'accès aux avantages financiers consentis par l'Etat, les opérateurs, entre éleveurs et intervenants dans la chaîne qui aboutit à la commercialisation, subissent le contrecoup des charges excessives et assistent à l'érosion de leurs profits, ce qui risque, à terme, de gagner la ressource principale mise à contribution. Craignant de devoir se résoudre à cette dernière extrémité et de n'être plus en mesure, alors, de compter le abattis, les initiatives qui ont investi tardivement le créneau, de guerre lasse, finissent par l'abandonner. Sur les 6 coopératives de jeunes qui ont vu le jour à la faveur de la multiplication des exploitations autour des étables de bovins pour en écouler la production de lait, une seule continue de servir d'intermédiaire entre les fournisseurs et l'unique unité de transformation. Il faut dire qu'avec un cheptel estimé à 29 985 têtes, dont 19 110 vaches laitières, le filon ne risque pas de s'épuiser et les gains, à défaut d'une concurrence tenaces, beaucoup moins improbables. Fabrication de dérivés Néanmoins, ces surcoûts ont entraîné une augmentation de 10 DA par litre vendu aux consommateurs et davantage lorsque le produit aura été, entre-temps, soumis à des procédés de fabrication de dérivés, notamment le petit-lait, un autre débouché pour les produits de la corporation qui détient, tradition culinaire oblige, la palme des aliments les plus appréciés pendant la majeure partie de l'année, nécessitant pour la seule ville d'El-Bayadh des quantités considérables, attirant sur les points de vente des files interminables qui ne se dispersent pas avant sa complète distribution. Vendu à 45 DA/litre, il était il y a quelques mois cédé à moins de 30 DA/litre. Et pour cause, afin de percevoir les primes de 7 dinars par litre extrait, de 4 dinars par litre de lait collecté et de 2 dinars par litre transformé, accordés par le ministère de l'Agriculture, les gens du métier doivent effectuer un déplacement de 400 km jusqu'à Saïda, se rapprocher de la Caisse Mutuelle et se soumettre à de fastidieuses démarches administratives.