Obstacle n Le prix administré du lait pasteurisé constitue-t-il un frein au développement de la filière ? La question ne se pose même pas pour les producteurs privés. «Personne ne peut accepter de travailler à perte, même la loi l'interdit d'ailleurs», affirment-ils à l'unisson. De leur avis, il est plus qu'indispensable de libérer les prix du lait afin d'encourager les investissements dans ce créneau. Aujourd'hui, il se trouve que de plus en plus d'éleveurs abandonnent la production laitière et se tournent vers la commercialisation de la viande pour une question de rentabilité. Pis encore, beaucoup d'effectifs bovins, destinés à la filière lait, finissent dans les abattoirs. Tout ceci parce que le prix du lait «n'est pas intéressant, car administré». Néanmoins pour les pouvoirs publics, il est hors de question, du moins pour le moment, de revoir la politique de soutien aux prix adoptée au lendemain de l'Indépendance. Il s'agit là d'un choix politique, bien évidemment. Le lait étant un produit de large consommation, la libération de ses prix est à même de porter un coup dur aux petites bourses, déjà très fragilisées par l'augmentation des prix de nombreux produits de première nécessité. Mais ce choix a un prix : «Entre 1982 et 1992, l'Etat a payé à la place des consommateurs quelque 13,3 milliards de dinars, ce qui n'est pas rien», note Rachid Amellal. Ce montant croît d'année en année, sans que notre pays arrive à réaliser son autosuffisance laitière ! Quelle est donc la solution? D'aucuns pensent que l'Etat ne pourra pas soutenir éternellement les prix du lait à la consommation. «Un jour ou l'autre, il sera amené à libérer les prix», affirme-t-on. C'est pourquoi l'on suggère de mettre en place, dès à présent, les fondements d'une véritable production nationale à même de répondre à la demande locale. Pour cela, «un nouveau système doit être introduit de sorte à assurer une production laitière conséquente d'abord et de qualité ensuite», propose Karim Rahal. De son côté, Mokrane Nouad préconise d'attirer les opérateurs économiques vers la filière lait. «Si on veut avancer, il faut sortir de l'assistanat», indique-t-il, soulignant au passage que l'Etat doit revenir à sa mission principale, «à savoir la régulation et la réglementation du marché». Selon lui, «produire du lait avec un coût de revient de 16 à 17 DA le litre est possible à condition qu'il y ait une restructuration de la filière en mettant en place de grandes exploitations modernes destinées à la transformation du lait».