En effet, si la prestation des artistes et des stars qui se sont succédé sur la scène de la cité antique a été des plus brillantes, éclatantes même pour certains, il n'en demeure pas moins que la palme et le succès reviennent sans conteste à ce public qui s'est montré, à chaque instant, affable et des plus avenants. Timgad s'achève non sans laisser des souvenirs mémorables, des traces indélébiles, nés des moments euphoriques de ces nuits magiques, cadencées par la métrique de la plus haute des élévations. Ces soirées féeriques ont gagné le cœur des Batnéens, les ont subjugués en de nombreux moments, tant elles étaient inscrites à la confluence de rythmes et de chants venus du Maghreb, d'Orient, d'Europe, d'Amérique, du monde entier et parfois, l'on dirait sinon des étoiles tombées des confins des cieux. Nour Mehenna de Syrie, Asma Menouar du Maroc, Nawal Zoghbi et Wael Djassar du pays du Cèdre, Latifa Arfaoui de Tunisie, mais encore le Salsa Celtica du Venezuela, Amadou et Mariame du Mali, Cherifa Luna et Zaho, ces belles algériennes qui vivent et chantent à l'étranger, sans omettre de signaler la participation mirifique des chanteurs du cru tels Katchou, Nassreddine Gualiz, Adel et Meriem, découverts par « Alhan oua Chabab » et bien d'autres noms encore qui n'ont pas démérité. Cependant, le spectacle le plus inouï qui aura conféré à cette édition toute sa magnificence et sa flamboyance restait jusqu'à la soirée de clôture celui du king Khaled. Mais c'était sans compter avec la reine du rai « el hadja », comme le scandait le public et avec grande ovation pour désigner Zehouania. Dès son entrée sur scène, la reine, armée d'un entrain prodigieux, déclenche les hostilités après Abdelkader Ya Boualem, titre interprété dans une communion que seul Khaled savait égaler. Zehouania se déchaîne, court dans tous les sens, prend la scène et le public et déclare : « Si Khaled a ébranlé et fait vibrer Timgad, ce soir je vais l'arracher, enguelaâha ». Epoustouflante, elle le fera et livrera un spectacle de haute facture, le public, conquis et tout soumis, n'avait de corps que pour frétiller sous cette déferlante joyeuse d'eurythmie et de sonorités marquées auxquelles nul ne pouvait résister. « el hadja » Zehouania a été ce soir la nouvelle grande reine des lieux et nul ne pouvait encore prétendre célébrer cette grande messe sonore sans l'accord refrain de cette diva du rai, le public timgadi est rentré bien convaincu en emportant dans ses veines, sa tête et son cœur cette inoubliable euphorie.