[image] L'ancien Premier ministre tunisien Béji Caïd Essebsi, qui dirigea le pays après la révolution et jusqu'aux élections, a réuni samedi à Tunis des milliers de partisans pour lancer un "appel" à l'union des forces vives du pays afin de préserver les acquis de la révolution. Devant une foule en délire, composée de chefs d'entreprise, d'intellectuels, de personnalités politiques d'opposition et de syndicalistes, Béji Caïd Essebsi, 86 ans, a lancé officiellement son "appel de la Tunisie". "Il est urgent d'éteindre l'incendie. Ce pays a connu des événements terrifiants, il faut le remettre sur les rails", a déclaré M. Caïd Essebsi, très en verve, dans un discours de plus d'une heure marqué par des ovations et des applaudissements. S'adressant directement aux autorités, et particulièrement aux islamistes d'Ennahda qui dominent le gouvernement et l'Assemblée nationale, il les a exhortés à "respecter et accepter les opinions différentes". "Je vous le dis, chers frères, vous qui êtes au pouvoir, vous ne pouvez pas sortir seuls le pays de l'ornière, il faut impliquer tout le monde". "Nous ne voulons ni parti unique ni parti dominant, nous ne voulons pas de gouvernement partisan, il faut nous unir sur des fondements solides et accepter que la Tunisie est au-dessus des intérêts partisans", a-t-il déclaré. Sans annoncer clairement la formation d'un nouveau parti, il a énuméré les principes sur lesquels reposait son appel au rassemblement, notamment "l'attachement aux acquis modernistes de la Tunisie, la justice sociale et le refus catégorique de la violence". Son retour sur la scène politique, annoncé depuis des semaines, est attentivement surveillé dans un contexte politique délétère, le gouvernement étant critiqué pour son incapacité à faire face aux défis économiques et sécuritaire, tandis que l'opposition de gauche demeure très divisée par des querelles de chapelles. Réputé pour être un libéral, M. Caïd Essebsi, avocat de formation, a été un compagnon de route de Habib Bourguiba, le premier président de la Tunisie indépendante. Sans s'être compromis avec le régime de Zine El Abidine Ben Ali, il est néanmoins accusé d'être soutenu par de nombreux ex-RCDistes (le parti dissous du président déchu).