La condamnation mi-juin de l'ex-président Zine El Abidine Ben Ali à la perpétuité pour son rôle dans la sanglante répression du soulèvement populaire en 2011 est un "pas important vers l'Etat de droit en Tunisie" mais témoigne aussi de failles, a estimé jeudi Human Rights Watch. "Le procès Ben Ali et des autres (anciens) dirigeants est un pas important vers l'Etat de droit en Tunisie, mais le verdict restera insuffisant tant que Ben Ali ne reviendra pas dans le pays et n'affrontera pas les questions de ses accusateurs", a estimé l'ONG dans un communiqué. HRW a relevé cependant que les autorités tunisiennes devaient réduire les compétences des tribunaux militaires du pays, à l'instar de celui du Kef qui a condamné Ben Ali le mois dernier pour son rôle dans la répression dans quatre villes de l'ouest du pays, dont Thala et Kasserine. "Le gouvernement tunisien devrait également réviser les lois du pays afin de réduire la trop large compétence qu'ont les tribunaux militaires pour juger les éventuelles violations des droits humains par les forces armées et de sécurité", note l'organisation. Ces tribunaux sont chargés de juger les militaires et policiers accusés de crimes, une charge qui selon HRW devrait revenir à la justice civile. L'organisation relève aussi que le code pénal tunisien est "mal outillé" car il "ne traite pas du concept de responsabilité du supérieur hiérarchique". Plusieurs ex-dignitaires du régime ont été acquittés faute de preuve directe qu'ils avaient donné l'ordre de tirer sur des manifestants. Le président déchu, réfugié en Arabie Saoudite, était poursuivi avec 22 anciens responsables pour la mort de 22 personnes. Des peines de prison de huit à 15 ans de prison ont été prononcées contre onze autres accusés mais dix ont obtenu des non-lieux, au désespoir des familles de victimes. Enfin, HRW critique le gouvernement tunisien dominé par les islamistes qui "n'a fait que des tentatives de pure forme pour obtenir des Saoudiens qu'ils extradent (Ben Ali) en vue du procès".