Human Rights Watch (HRW) a appelé mardi à la libération des prisonniers politiques à Bahreïn, qualifiant d'"injustes" les procès intentés contre des centaines de protestataires, notamment chiites, pour leur participation l'an dernier au mouvement de contestation du régime. "La tenue de procès foncièrement injustes devant des tribunaux militaires et civils est un élément central de la répression du mouvement de protestation pro-démocratie à Bahreïn", déclare Joe Stork, directeur adjoint de HRW pour le Moyen-Orient. Dans un rapport intitulé "Pas de justice à Bahreïn: des procès injustes devant des tribunaux militaires et civils", l'organisation de défense des droits de l'Homme dénonce de "graves violations" de procédure lors des procès. Elle cite notamment "le déni du droit des accusés de se faire assister d'un avocat" et "le refus d'enquêter sur des allégations crédibles de torture et de mauvais traitements des accusés pendant les interrogatoires". Manama devra "abandonner les poursuites contre toutes les personnes condamnées pour des motifs politiques (...), pour des slogans qu'ils avaient scandés ou pour s'être joints à de grandes manifestations pacifiques". "Parmi les personnes dont les condamnations devraient être invalidées et qui devraient être libérées, figurent des dirigeants du mouvement de contestation comme Ibrahim Chérif, Abdelhadi al-Khawaja, Hassan Mashaimaa et Abdelwahab Hussein", indique HRW. En juin, ces trois derniers, des chefs de groupes de l'opposition chiite, avaient été condamnés à la perpétuité, et Ibrahim Chérif, un sunnite à la tête d'une formation de la gauche laïque, avait écopé de cinq ans de prison, pour leur rôle dans la contestation. Dans son rapport, HRW invite les pays occidentaux, dont les Etats-Unis, à "suspendre toute vente ou aide militaire (...) à Bahreïn tant que le gouvernement n'aura pas réglé le problème des graves violations des droits de l'Homme". Une Commission d'enquête indépendante, formée à la demande du roi de Bahreïn, avait rendu en novembre un rapport, dénonçant un "usage excessif et injustifié de la force" de la part des autorités lors de la répression des manifestations de début 2011 sur fond de Printemps arabe. La contestation était animée par des chiites, majoritaires parmi la population locale, qui réclamaient une véritable monarchie constitutionnelle dans ce pays gouverné par une dynastie sunnite.