Avions et satellites d'observation, stations d'écoute terrestres, forces spéciales: la France dispose d'une palette de moyens de renseignement dans le Sahel pour tenter de localiser les ravisseurs des cinq Français et des deux Africains enlevés jeudi dans le nord du Niger. Traditionnellement basé à Dakar au Sénégal, mais probablement redéployé au Tchad à N'Djamena, l'avion Atlantique 2 de la marine est l'un des meilleurs atouts de la France dans la région. Ce gros bimoteur (13 hommes d'équipage, 12 heures d'autonomie, rayon d'action de 8.000 km) est très discret. Il emporte des radars et des caméras infrarouges pour passer au peigne fin une zone délimitée. Autre moyen aérien, le Mirage F1 CR de l'armée de l'air, avion de reconnaissance longtemps déployé au Tchad dans le cadre de l'opération Epervier, qui porte sous son fuselage une nacelle d'équipements photo et vidéo. A 700 km d'altitude, les deux satellites d'observation militaire Hélios 2 peuvent photographier - avec une précision de quelques dizaines de centimètres - 365 jours par an et 24 heures sur 24 (grâce à son mode infrarouge pour Hélios 2B lancé en décembre 2009) un pick-up d'hommes armés au milieu du désert. Placés en orbite polaire héliosynchrone, ils survolent les mêmes régions de la Terre à la même heure solaire et font le tour de la Terre en 90 minutes. Mais, souligne un ancien haut responsable des services de renseignements, il faut un préavis de 24 heures pour modifier leur orbite. Les images de ces deux satellites espions sont reçues, analysées, stockées et rediffusées vers les "clients" d'Hélios (états-majors, Direction du renseignement militaire, forces spéciales) sur la base aérienne de Creil, à une soixantaine de km au nord de Paris. Les interceptions de communications constituent un autre moyen de renseignement. De très discrètes stations d'écoutes des services de renseignement captent 24 heures sur 24 les communications téléphoniques et les mails. Pour autant, remarque-t-on, les rebelles et autres groupes inféodés à Al-Qaïda, sont équipés des derniers modèles de téléphones satellitaires, dont certains sont cryptés, qui rendent les interceptions très aléatoires. D'autant plus que ces groupes armés coupent toute communication pendant leurs opérations. "Ils sont malins, note cet ancien responsable, ils savent qu'ils sont écoutés, roulent de nuit et empruntent des itinéraires à l'écart des pistes habituelles". Enfin, la France compte également dans la région des moyens humains: "honorables correspondants" locaux ou expatriés des services de renseignement qui peuvent apporter de précieuses indications sur la présence, le passage, l'itinéraire ou les effectifs de groupes rebelles. Enfin, le service action de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE, services secrets) ou les forces spéciales de l'armée française peuvent s'infiltrer de nuit sur la zone, déposés en plein désert par avion ou même parachutés, pour faire de l'observation au sol, dissimulés pendant des jours dans un trou creusé dans le sable. Mais, prévient cet ex-responsable, ces unités doivent évidemment disposer du feu vert des autorités des pays concernés.