Horizons : Quel bilan faites-vous de la douzième édition ? Loin de faire dans l'autosatisfaction, je dirai que nos objectifs ont été atteints. Nous sommes fiers d'avoir fait à chaque fois salle comble, et fiers aussi que le public ait eu à voter pour la première fois dans l'histoire de notre festival. Nous avons tenu toutes nos promesses en respectant à la lettre notre programme en dépit de tout. Nos convives ont joué le jeu jusqu'au bout, les conférenciers se sont surpassés en donnant le maximum, y compris les étrangers, dont certains sont devenus d'inconditionnels fidèles du festival. Êtes-vous satisfait de la qualité des films présentés en compétition ? Comme je l'ai souligné dans le communiqué, cette année les films récompensés ont été à la hauteur, et pour preuve le verdict du public qui a corroboré celui des jurys. Bien entendu, certains films font l'exception par quelques faiblesses, et c'est aussi pour cela qu'ils n'ont pas été consacrés. Beaucoup de travail reste à faire de toutes les façons et nos restons toujours mobilisés pour aider d'une manière ou d'une autre toutes les productions amazighes pour peu que l'ont soit sollicités. Cette année, vous avez introduit un prix spécial public. Ne pensez-vous pas qu'il est nécessaire de mettre sur place d'autres mécanismes pour faire aimer davantage le cinéma aux citoyens de la région qui commencent à découvrir une production filmique qui leur parle de leur vie et dans leur langue ? En effet, nous avons fait participer le public. C'est une manière de le considérer et de l'inviter à faire confiance à son festival, l'encourager à suivre l'évolution du cinéma amazigh et qu'il puisse dire à chaque fois son dernier mot comme ce fut le cas à l'occasion de cette 12e édition. Faire aimer le cinéma, c'est bien beau de le dire, mais cela ne dépend pas uniquement d'un festival. Le festival du film amazigh n'est qu'un espace de promotion et d'expression aussi bien pour les cinéastes d'expression amazigh, que pour le public qui vient découvrir les productions de l'année. Outre le secteur de la culture, il appartient à l'Education nationale, à la jeunesse et des sports, à la formation professionnelle, à l'université, aux associations, aux gérants de salles de cinéma et aux ciné-clubs de jouer ce rôle de promotion de l'art cinématographique, à l'endroit des citoyens. Il ya toute une culture qu'il faut créer, et cela ne peut arriver du jour au lendemain. Qu'en est-il de la création d'un master-cinéma à Tizi-Ouzou ? Il s'agit d'un discours de sensibilisation. Une idée à mûrir pour arracher l'adhésion des universitaires locaux et des cinéastes professionnels résidants à Tizi-Ouzou ou à ailleurs. La capitale de Djurdjura est à 100 km de la capitale. Il y a une prédisposition et une demande accrue. Reste maintenant au rectorat de réfléchir avec un noyau d'universitaires sur le lancement d'un tel projet qui aura certainement des retombées positives sur l'enseignement et les développements des arts et des métiers de la culture en général. Le président du jury a déclaré que le prix Olivier d'or a été décerné après d'âpres discussions. Ne pensez-vous pas que l'attribution du prix est décidée juste pour ne pas mécontenter les participants, surtout que l'édition précédente, l'Olivier d'or n'a pas été décerné ? Absolument pas, je crois que le jury a ses raisons de se prononcer de la sorte, car le verdict n'est toujours pas facile à prononcer en raison de la diversité de la composante de celui-ci. Il ya bien des discussions très âpres parfois, mais comme dans tous les festivals, on arrive toujours à s'entendre sur l'heureux élu, comme du reste dans toute élection démocratique. Par ailleurs, je vous rappelle que le public a bien élu le film de Yazid Smail, quelle meilleure consécration ! Ne pensez-vous pas que le fait de domicilier le festival à Tizi-Ouzou est un confinement de notre culture et du cinéma amazigh à une seule région ? Oui et non ! En tout les cas nous évaluons sans cesse cette expérience depuis la fixation du festival à Tizi-Ouzou par le Ministère de la Culture en faisant la comparaison avec la phase de notre itinérance à travers les wilayas. Mais il faut avouer que Tizi-Ouzou mérite bien un festival de cinéma de cette dimension, aussi il ne faut pas croire que l'itinérance est une mince affaire car elle suppose une logistique et un financement à la hauteur de l'aventure au sens propre du terme. C'est vrai que l'on a réussi certaines éditions, mais c'est aussi grâce à notre volonté et au soutien que l'on a trouvé à chaque fois sur place. En revanche, certaines régions sont dénuées d'infrastructures permettant d'abriter un festival comme le nôtre. Des hôtels et des restaurants qui répondent aux normes requises, une disponibilité des autorités d'accueil, des soutiens locaux, sont autant de conditions pour la réussite d'une édition. Mais rien ne nous empêchera d'organiser des panoramas dans chaque wilaya. L'on y pense d'ailleurs, surtout que la ministre de la Culture nous y encourage.