A l'unanimité, leurs responsables ont souligné que la priorité est de renforcer et surtout développer la chaîne de production et en second plan faire face à la « concurrence déloyale ». Ainsi, des entreprises nationales relevant du secteur du textile, cuire et manufacture proposent déjà des nouveautés avec leurs produits 100% algériens. Mais est-ce suffisant ? Djamel Latreche, responsable au niveau du MVL (maroquinerie, vêtement et label cuire) du groupe Leather industrie, ce secteur qui a bénéficié d'une opération de mise à niveau, n'est pas encore en mesure d'exporter. Il soutient que même si les produits algériens sont de bonne qualité, cela ne suffit pas pour les positionner sur le marché mondial. « Le secteur a connu un retard de plus de 20 ans. Ce n'est qu'en 2012 que de grands investissements ont été engagés pour sa relance en le dotant d'équipements modernes et sophistiqués pour améliorer la production », note-t-il. Et de préciser : « Avant de penser à exportater, il faudra reconquérir d'abord le marché algérien et satisfaire ainsi la demande nationale ». Abondant dans le même sens, Talbi, responsable commercial au niveau de la filiale MAC-Soum de Akbou, spécialisée dans la chaussure, a fait observer qu'il est impératif de renforcer les capacités de production. Il a souligné que sur les 17 unités de fabrication de chaussures, il n'en reste que quatre productives, à raison de 3.000 paires/jour. De son côté, Djamel Latreche pose également le problème de la matière première. « L'Algérie exporte le wait bleu, une matière première pour le traitement du cuir, alors que nos entreprises de fabrication et de transformation sont en manque », déplore-t-il, tout en soulignant que des mesures doivent être prises pour lutter contre la contrebande. Madjid Benamara, cadre, indique que des stratégies sont en train de se mettre en place pour développer les entreprises et les préparer à passer à l'étape de l'exportation. Pour l'entreprise privée Safsicuir, franchir ce cap exige « un accompagnement des pouvoirs publics », souligne Mme Faïza Hamila, cadre dirigeant de cette société. LA CERTIFICATION, UNE CONDITION SINE QUA NON POUR FAIRE FACE À LA CONCURRENCE Dans le secteur de l'agroalimentaire, on estime que la concurrence suppose une certification des produits aux normes internationales. « Elles sont rares les entreprises certifiées en HACCP qui définit la qualité du produit et englobe la sécurité et le mode de gestion », explique Fateh Arhab, responsable à la laiterie Hodna, avant d'ajouter que dans le secteur de la transformation du lait, « nous ne pouvons pas parler de concurrence d'autant que les besoins nationaux ne sont pas encore satisfaits ». La société privée Isser de biscuiterie sec et genoise, qui exporte vers des pays arabes, est à pied d'œuvre « pour parfaire sa stratégie marketing en améliorant la qualité, l'emballage et les goûts pour faire face à la concurrence », a indiqué Wadir Djennane, directeur commercial. L'ENIE, entreprise nationale spécialisée dans l'électronique, ne pense pas encore à l'exportation. Après l'assainissement de l'entreprise, sa production est passée de 500 à 800 produits/jour. Un volume qui ne lui permet pas d'exportater puisque le minimum exigé est de 2.000 produits/jour, comme le souligne Beneddine Mebarki, chef du département technico-commercial. Ce dernier a fait savoir que l'entreprise s'est assignée comme objectif d'accroître sa production à 1.200 produits/jour d'ici à la fin de 2012 et à 2.000 en 2013. « On prévoit aussi l'installation des chaînes en session automatique et la formation des travailleurs », a-t-il conclu.