Le délai du 31 juillet, accordé aux autorités de transition en place à Bamako pour former un gouvernement d'union nationale avec une assise suffisante pour reconquérir le nord du pays occupé par des groupes armés islamistes alliés d'Al-Qaïda au Maghreb islamique, a été prorogé par la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao). Le président par intérim Dioncounda Traoré qui est encouragé à poursuivre « avec diligence » cet objectif par l'organisation régionale à désormais dix jours. Ecartant de fait son premier ministre Cheick Modibo Diarra qui fait face à une vague de contestations de la classe politique pour « incompétence, amateurisme, pilotage à vue, immobilisme », Traoré a entamé ses consultations pour former ce cabinet indispensable au déploiement des 3.300 militaires de la Cédéao avec le soutien de plusieurs pays occidentaux. Premiers conviés pour aborder l'architecture du futur cabinet : les coalitions nées dans le sillage du coup d'Etat du 22 mars (Alliance des démocrates patriotes pour la sortie de crise, Coordination des organisations patriotiques du Mali et Convergence pour sauver le Mali) et le Front uni pour la démocratie et la République, son propre parti. Même s'ils sont divisés (anti-putsch, pros et centristes) tous se sont engagés à admettre son autorité et partager avec lui le fardeau. Grosse question de l'heure, le sort de l'actuel premier ministre qu'on dit prêt à un bras de fer avec le président. Certains sont pour son maintien. D'autres exigent son éviction. Mais dans ce cas comme dans l'autre, le prochain Premier ministre n'aura pas les « pleins pouvoirs ». Il sera dépouillé au profit des deux vice-présidents, selon le nouveau schéma institutionnel tracé par Traoré qui aura du mal à trancher ces conflits. Traoré a chargé Mahmoud Diko, le président du Haut conseil islamique de se rendre dans les principales villes du nord pour engager des négociations avec le MNLA et Ançar Dine. Pendant ce temps, les populations de Gao, Tombouctou et Kidal subissent le diktat des terroristes pseudo-islamistes de tout acabit et des trafiquants de drogue et d'armes. Les analystes préviennent, quant à eux, sur les risques d'une intervention militaire que Laurent Fabius, juge « probable à un moment ou à un autre ».