Les ouvriers travaillent selon la formule 3 fois 8, dans cette aciérie qui compte cinq services. La première équipe commence à 5h du matin, la deuxième à 13h et la dernière à 21h avec un système de rotation de deux jours pour chacune d'elle. Le repos hebdomadaire est de deux jours. En ce mois de jeûne, les éléments de la première équipe prennent le s'hour chez eux d'où ils sortent dès l'aube pour rejoindre leurs postes respectifs. La journée débute à 5h dans cette aciérie qui fonctionne 24h/24 et 7 jours/7. La première équipe de deux fondeurs reçoit l'acier liquide du haut fourneau où la température est de 1400°C. Au service élaboration, l'un des deux hommes en poste prélève des échantillons pour analyse de conformité de l'acier à une température moyenne de 1350°C. Pendant que l'un est à la tâche face à de hautes températures, son collègue surveille du poste de contrôle le passage, sur le pont roulant, de la poche charriot contenant entre 80 et 85 tonnes de fonte liquide pour la verser dans la poche à fonte. Pendant toute l'opération, les ouvriers ne peuvent quitter leurs postes malgré la soif et la fatigue, même au moment de la rupture du jeûne pour ceux de la deuxième équipe qui travaille de 13h à 21h dans les mêmes conditions. Les deux éléments se relayent juste au moment d'El Adhan pour manger une datte et boire un verre petit lait. Ils devraient poursuivre leurs tâches respectives jusqu'à la fin du service à 21h se contentant seulement de boire de l'eau. Dans le meilleurs des cas, ils arrivent à se sustenter à tour de rôle avec ce qu'ils ramènent dans leurs gamelles. Des bons de cantine de la société sont remis exceptionnellement à ceux qui cumulent 16h de travail non-stop. L'équipe la plus « chanceuse » est la troisième, celle qui prend le relai à 21h pour finir à 5h du matin. Ses éléments déjeunent chez eux, mais ils font leur Imsak sur le lieu de travail avec un verre de lait et un dessert, surtout des fruits avant de finir leur service. Durant la soirée, les ouvriers sirotent du café, du thé et dégustent le Kalb El Louz, de la salade de fruits ou du flan. En une soirée, ils arrivent à boire jusqu'à 4 litres d'eau hors Ramadhan, mais seulement 1,5 litre d'eau durant chaque soir du mois sacré. Au service des coulées continues, la température de l'acier atteint 1400°C et entre la coulée et l'aciériste 1 mètre seulement de distance. L'homme y fait face pendant 1 heure. De plus après chaque coulée de fonte, il faudra décrasser le magma en ébullition dont les températures varient entre 1250 et 1400°C. Au service affinage, quatre hommes s'activent autour d'un convertisseur parmi les trois existants dans cette aciérie. Ces ouvriers travaillent face à une température de 1700°C. Le convertisseur dégageait encore de la chaleur le 29 juillet à notre passage après pourtant trois jours d'arrêt. L'opération consiste à affiner la fonte en acier en utilisant de l'oxygène et en ajoutant de la ferraille de récupération pour en faire un alliage servant à produire des brames d'acier liquide transformé en solide et pesant jusqu'à 18 tonnes. Ici, les ouvriers boivent jusqu'à 5 litres d'eau dont ils doivent se passer durant le mois de Ramadhan. Avec son manteau ignifugeant pour se protéger de la chaleur de la flamme, l'ouvrier doit contrôler le niveau du métal en se tenant à 3 mètres du jet. Mais pendant 1 heure, il fait face à de telles conditions à des distances variant entre 10 et 15 mètres. « Il est impossible d'être si près du convertisseur tellement la chaleur est extrême », souffle l'un d'entre eux. Dans la zone des réfractaires, là où on ajoute la ferraille à l'acier, le chauffage se fait à l'aide de brûleurs pour maintenir la température de l'acier et éviter les chocs thermiques. Le métal passe par plusieurs étapes pour arriver à la lingotière à une température de 1600°C maximum qui sera réglée à 1595°C puis refroidie à 1540°C pour effectuer le coulage dans la lingotière. Pendant la coulée qui dure une heure, le couleur se tient debout à une distance de 2 mètres de l'acier liquide. Quatorze coulées sont réalisées par jour pour produire 70 brames, soit 1246 tonnes par jour. Quotidiennement 2400 tonnes de fonte sont liquéfiées dans le haut fourneau.