Les éditions Barzakh viennent de mettre à la portée du public une nouvelle œuvre satirique de l'Algérie profonde dans ce 17e Salon international du livre. Son auteur, un écrivain des plus ou moins connus Habib Ayyoub né en 1947 à Takdempt (Boumerdès), de son vrai nom Abdelaziz Benmahdjoub, entreprend des études de sociologie, puis de cinéma en Belgique avant d'exercer le métier de journaliste. Lauréat du prix littéraire Mohammed Dib en 2003 pour son recueil de nouvelles "C'était la guerre", Habib Ayyoub est l'auteur d'un roman, le "Palestinien" (2003) ainsi que d'autres recueils de nouvelles. Dans cette subtile tirade, l'auteur s'est prémuni d'une vision burlesque très critique pour s'inviter dans un monde où le temps figé dans le cadran d'une horloge fait refléter l'horloge de la mairie datant de l'époque coloniale tombée en panne. Un clin d'œil au « Carnaval fi Dechra », Habib Ayyoub scrute le rapport entre les habitants et les autorités locales d'une commune de l'intérieur du pays à la veille d'une visite officielle. La situation sert de prétexte à l'auteur pour dépeindre, d'une manière loufoque des portraits d'élus locaux, de fonctionnaires et d'habitants. Dans une effervescence qui va remettre en cause l'ordre établi, les personnages sont en proie à des rivalités et des passions révélées lors des différentes tentatives pour réparer l'horloge menées d'abord par Si Kaddour qui "travaillait vingt-cinq années plus tôt, du temps des Français, au nettoyage et, accessoirement, à l'entretien de l'horloge". Devant l'échec de ce dernier, le maire décide de l'envoyer en France chercher l'ancien horloger, M. Georges, lequel va abuser les habitants et le maire en réparant momentanément l'horloge, en contrepartie de leurs économies et alors même qu'il avait été accueilli en grande pompe Ce dernier personnage développera lors de sa visite un discours glorifiant la colonisation dont l'horloge, symbole de la technologie occidentale qu'il est le seul à pouvoir réparer, sert de justification. Le lecteur rit beaucoup mais la surenchère dans le burlesque finit par susciter quelques interrogations : l'horloge du village n'était-elle pas le symbole d'un Temps qui se serait arrêté ?