« Nous accueillons favorablement le discours de Khaled Mechaâl qui a été très positif sur la question des divisions interpalestiniennes », affirme Azzam al-Ahmad, chargé du dossier de la réconciliation au sein du Fatah. En présence de la direction en exil du mouvement islamique à Ghaza où il a effectué, samedi, sa première visite officiel, Mechaâl a parlé de deux points. Un, « un seul président pour le peuple palestinien, d'une seule autorité, d'une seule loi ». Deux, nécessité de « tourner la page de la division » entre la Cisjordanie et la bande » et de « libérer toute la Palestine ». « Nous sommes une seule Autorité et notre référence est l'Organisation de libération de la Palestine, dont nous voulons l'unité », dit-il en référence à l'organisation dirigée par M. Abbas -dont Hamas ne fait pas partie-, signataire en 1993 des accords d'Oslo avec Israël. « Nous voulons l'unité nationale sur la résistance armée et la résistance populaire. Je vous exhorte à la réconciliation, à l'unité nationale et des rangs palestiniens » car « la Palestine est trop grande pour qu'un seul mouvement en assume la responsabilité. La Palestine est à nous tous, nous sommes partenaires dans cette nation. Le Hamas ne peut se passer du Fatah ni le Fatah du Hamas, ni d'aucun mouvement », conclut-il avant de suggérer à la résistance de s'adapter à la situation, autrement dit, de respecter la trêve avec Israël et ce dans l'intérêt des Palestiniens. « Nous ne sommes pas en désaccord sur tous ces points, qui sont au centre de l'accord de réconciliation signé par le Fatah et Hamas. Nous espérons qu'il reflète la position de l'ensemble de Hamas », poursuit Azzam. Raison de ce doute ? Plusieurs dirigeants du parti au pouvoir à Ghaza, dont Ismaïl Haniyeh, le chef du gouvernement, reprochent à Mechaâl « des positions jugées trop conciliantes » envers le frère ennemi depuis la signature de l'accord de réconciliation entre les deux mouvements en 2011. Un accord qui est resté lettre morte. Cet énième appel à la réconciliation crée une polémique en Israël. L'opposition accuse Benjamin Netanyahu, Avigdor Lieberman et Ehud Barak, ses ministres des Affaires étrangères et de la Défense, d'avoir renforcé Hamas. Certains vont même jusqu'à remettre en question le retrait de la bande en 2005 et regretter qu'Israël n'ait pas tué Mechaâl ! Décodé, un éventuel retrait de la Cisjordanie n'est pas pour demain et un assassinat du leader islamiste n'est pas à exclure. Comme si cet « appel à la réconciliation » n'est pas assez fort pour secouer Israël, cheïkh Hamad Ben Jassem Al-Thani, le Premier ministre du Qatar, demande aux pays arabes de revoir leur plan de paix au Proche-Orient. « Dix ans après l'adoption du plan de paix arabe, nous devons objectivement revoir le processus de paix, y compris le plan arabe », dit-il à l'ouverture, à Doha, d'une réunion du comité ministériel arabe de suivi de ce plan, ajoutant que « les pays arabes doivent définir leur feuille de route pour la prochaine phase à la lumière des changements successifs dans la région ». Que fera Abbas qui a martelé plus d'une fois que la réconciliation avec Hamas passe par la tenue des élections présidentielle et législatives dans les Territoires - « Sans ces élections, il n'y aura pas de réconciliation », dit-il - et pris la défense du quartette et du plan de paix arabe -« II n'est pas permis, d'aucune manière, de retirer de la table ce plan, qui doit être maintenu »-, disait-il ?