En l'absence d'un accord, les deux pays seraient tenus par l'Organisation continentale d'organiser, en octobre 2013, un référendum à Abyei par lequel la population décidera qui rallier, le Nord ou le Sud. Le Conseil de sécurité de l'UA , avait donné, mais en vain, le 24 octobre dernier, à Khartoum et Juba jusqu'au 5 décembre pour conclure un accord sur le statut d'Abyei. Cette proposition de référendum n'est pas nouvelle. Prévue dès janvier 2011, cette consultation a été déjà repoussée en raison de désaccords sur qui pouvaient y prendre part. Dans le communiqué qu'elle a rendu public, hier matin, l'Organisation continentale annonce qu'elle ne sollicitera pas le Conseil de sécurité des Nations unies au sujet de ce référendum. Par contre, elle demande à Omar el Béchir et Salva Kiir, qui avaient annoncé, en septembre dernier, des accords sur le partage des revenus pétroliers et des mesures de confiance à leur frontière avec la mise en place d'une zone tampon, de se retrouver au sommet pour résoudre tous les contentieux. Deux mois après, aucune de ces mesures n'est appliquée. Comme si ces « problèmes » du Darfour et d'Abyei ne suffisaient pas, Khartoum doit gérer ceux posés par le Kordofan-Sud, où son armée aurait perdu à Daldako, 21 soldats, selon un communiqué publié par les rebelles de la branche Nord du Mouvement de libération des peuples du Soudan (SPLM-N). En visite dans cette région, le ministre soudanais de la Défense, Abdelrahim Mohamed Hussein, annonce l'envoi de nouveaux renforts et d'équipements supplémentaires. « Même si la situation est stable dans les grandes villes et sur les routes principales, l'Etat doit étendre les zones sûres », dit-il pour justifier cet « envoi » dans le Kordofan-Sud et le Nil Bleu qui sont en proie, depuis l'été 2011, à des combats entre l'armée régulière et des mouvements rebelles dont une partie a combattu aux côtés des Sudistes entre 1983 et 2005. Pour Khartoum, il n'y a pas de doute possible : derrière le SPLM-N il y a Juba. Cette dernière dément. Preuve de la méfiance entre le Nord et le Sud, la visite effectuée, lundi, à Khartoum par John Kong, l'homologue sud-soudanais de M. Hussein. Elle a tourné court au bout de quelques minutes. Le Soudan doit gérer aussi les rapports des organisations internationales. Human Rights Watch a dénoncé, dans un rapport qu'elle a publié mercredi dernier, « des centaines de raids aériens de l'aviation soudanaise dans les zones tenues par les rebelles au Kordofan-Sud et au Nil Bleu et a appelé l'ONU à diligenter une enquête ». Fatou Bensouda, la procureure de la Cour pénale internationale, a remis le dossier Soudan sur la table. Elle a évoqué, jeudi, devant le Conseil de sécurité, la possibilité de lancer de nouvelles poursuites contre des responsables soudanais pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité commis au Darfour. « Mon bureau va examiner si des enquêtes et des demandes de mandats d'arrêt supplémentaires sont nécessaires pour traiter ces crimes qui se poursuivent », explique-t-elle dans une allusion aux attaques contre la Mission conjointe de l'ONU et de l'Union africaine au Darfour, les obstacles à la fourniture d'aide humanitaire et les bombardements de populations civiles. « De tels agissements pourraient constituer des crimes de guerre, des crimes contre l'humanité et un génocide. Ils sont similaires à ceux dont la Cour a déjà été saisie au Darfour et qui font déjà l'objet de cinq mandats d'arrêt », souligne-t-elle, pressant le Conseil de sécurité d'« assumer ses responsabilités ». A Khartoum et dans les principales villes du pays, la contestation inspirée par le « printemps arabe » est ravivée.