De plus en plus, le cinéma amazigh se conjugue aussi au féminin. De nouvelles têtes apparaissent pour remplacer Djamila, Samia Labidi considérées comme des pionnières. Djamila Amzal, plus jeune, peut aussi prétendre à ce titre. Celle qui avait tenu le premier rôle dans « La colline oubliée » puis dans « La montagne de Baya » a eu raison de rappeler lors d'une intervention à la radio locale qu'« il y a vingt ans, peu de femmes songeaient à faire du cinéma ». C'était alors ouvrir les portes de l'inconnu, s'attirer des ennuis et des moqueries. Celles qui, contre vents et marées, persistaient, subirent longtemps sarcasmes et méfiance. Autres temps, autres mœurs. Le même jour, mardi, le coup de manivelle a été donné pour deux feuilletons, « Tanifift » (Tourbillon) et « Itij n'zira » (Le soleil de Zira). Les réalisateurs n'ont pas visiblement éprouvé de difficultés à dénicher des jeunes filles à qui confier des rôles. Le temps où l'on s'obligeait à puiser dans l'univers de la radio et où il était naturel pour des chanteuses de passer du micro au plateau de tournage paraÎt révolu. Même la vénérable Anissa dans sa paisible retraite n'avait pas échappé à cette pressante sollicitation. Ouardia, dont on connaît le talent, peu avant sa mort, n'a eu que des rôles peu médiatisés avec Kaci Tizi Ouzou et Salah Sadaoui. L'apparition à l'écran n'est plus perçue désormais par beaucoup de familles comme une honte. De nouveaux noms comme Zahia Kati et Lamia Tagzout prennent le même chemin que Razika Ferhane ou Ouabdeslam qu'on regarde avec envie. Elles ne sont plus des inconnues dans les chaumières. Seules les danseuses soulèvent encore quelques réticences. Heureuse révélation dans ce festival, les femmes ont envahi les salles mais surtout les écrans. Dans un documentaire, celles d'Ait Issad, un village prés d'Azazga, sont des héroïnes qui apprennent à lire pour faire reculer l'ignorance. Lors de la projection, elles sont venues décontractées et resplendissantes dans leurs tenues traditionnelles y assister et se faire applaudir. D'autres femmes se placent derrière la caméra. C'est le cas de notre consœur Kaissa Ait Hadda, de la chaîne 2, qui a projeté son premier documentaire qui évoque l'état de l'enseignement de-la langue amazighe dans les écoles et collèges. Malika Tazkrit, Cherifa Benarab en ont fait de même. Grace à des figures comme Bahia Rachedi, Nadia Kaci, Fettouma Ousliha, Yamina Chouikh, Berber ou Biyouna, le cinéma algérien se décline depuis belle lurette au féminin. Dans sa variante amazighe, un lent mouvement se dessine et se confirme. De plus en plus de comédiennes se feront un nom, afficheront leur talent. Le métier comme celui de chef d'entreprise, d'ingénieur ou de médecin suscitera des vocations et des talents féminins qui pointent déjà le bout du nez.